Histoires banales, aventures singulières, une femme des plus communes, « potichiste » de son état, raconte sa vie. Entremêlant son récit de ceux plus pittoresques, plus fantaisistes ou plus crus d’autres que l’écriture ciselée, espiègle de Marie Nimier a mis en mot, Isabelle de Botton esquisse le portrait humain et vibrant du genre féminin. Touchant !
Quelques pots en plastique de tailles différentes et une gigantesque potiche nacrée, aux frises bleues, servent d’unique décor. Du fond de la scène, blouse blanche, tenue de panthère, une femme accorte (avenante et touchante Isabelle de Botton) apparaît. Crinière de lionne, cinquantaine flamboyante, elle est « potichiste » de son état. De Sèvres à Limoges en passant par Shanghai et la Nyphenburg Porzellan Manufaktur de Bavière, elle crée des objets en porcelaine. Sollicitée pour participer à un concours d’œuvres d’art en rapport avec la journée des droits des femmes, de quelques coups de pinceau, elle tente d’embellir sa dernière et impressionnante création.
Plongeant dans ses souvenirs, elle se livre sans fard à nos oreilles complices. Elle se raconte n’omettant ni ses qualités, ni ses défauts. Pourtant, quelque chose la dérange. Elle se sent épier. Très vite, elle compare son histoire à l’une de celles lues récemment dans le recueil de monologues de Marie Nimier, La Violence des potiches. Estimant être le modèle de ce récit, elle se décide à contacter l’auteur. De ce dialogue singulier entre une femme exubérante et une auteure fine observatrice du genre humain naît une réflexion passionnante, douce-amère sur le féminisme.
Mêlant adroitement l’univers d’Isabelle de Botton à celui de l’écrivaine, la pièce se construit comme un ingénieux et touchant patchwork abordant la féminité dans toutes ses diversités. Au fil des récits, des histoires, s’esquisse par touche le portrait d’une société où la femme qu’elle soit fantasme sexué, épouse délaissée ou quinquagénaire mordant la vie à pleines dents, doit faire son chemin pour s’imposer, exister en parallèle de l’homme et non dans son ombre.
Grâce à la mise en scène sobre et ciselée de Jean-Pierre Hané, la mise en espace toute en légèreté de Philippe Fialho, la pétulante et pétillante Isabelle de Botton se glisse avec beaucoup de finesse dans la peau de ces femmes vibrantes et humaines. Parfois nostalgique, épisodiquement drôle, souvent lucide, l’amusante comédienne casse son image comique pour camper un être mature, sensible, captivant. Un moment sympathique et rafraîchissant qui fait du bien en ces fortes chaleurs !
Olivier Frégaville-Gratian d’ Amore
La violence des potiches de Marie Nimier
Festival Off d’Avignon
Théâtre Pixel
18, rue Guillaume-Puy
84000 Avignon
tous les jours à 14h05, relâches les 11, 22 et 23 Juillet 2017
durée 1h10
Mise en Scène de Jean-Pierre Hané
Chorégraphie de Philippe Fialho
Scénographie de Koko
Avec Isabelle de Botton
Crédit photos © Brice Notin & Vincent Breton