Sakero de Kuo-Shin Chuang © I-hsuan Li

Kuo-Shin Chuang, la danse comme lien avec ses ancêtres

À la Condition des soies, dans le cadre du programme Taïwan in Avignon, Kuo-Shin Chuang présente sa dernière création, "Sakero".

Sakero de Kuo-Shin Chuang © I-hsuan Li

Après une venue remarquée en 2019 dans le Off à travers le programe Taïwan in Avignon, le chorégraphe, membre du peuple Pangcah, revient cette année à la Condition des soies avec Sakero. Soucieux de ses racines, Kuo-Shin Chuang plonge dans l’histoire et la culture des Tafalongs, communauté aborigène dont il fait partie, pour nourrir son écriture chorégraphique.

© I-hsuan Li

Comment est né le projet?

Kuo-Shin Chuang : Sakero a été conçu lors d’une résidence d’artistes au Festival d’Edimbourg en 2019. Cette œuvre est née de la culture de danse rituelle d’ilisin (la fête des moissons) de la tribu aborigène Pangcah à Taïwan, et grâce à cette culture de danse rituelle, elle a engendré des idées innovantes sur les mouvements corporels dans la danse des peuples autochtones de Taïwan.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Kuo-Shin Chuang : Il n’existe pas de mot spécifique pour « danse » dans la langue pangcah. Le terme « Sakero » décrit le mouvement du corps lors de la cérémonie de l’ilisin, nom donné à la fête des moissons. C’est le terme que les Pangcah considèrent généralement comme le plus proche de la description de « danse ». L’absence du concept de danse dans la langue pangcah m’a amené à réfléchir profondément sur le sens de ces mouvements corporels rythmés et ritualisés qui perdurent depuis si longtemps au sein de notre culture. Nous puisons notre inspiration de l’image des bambous utilisée dans la célébration de la récolte Pangcah pour nos créations. C’est ainsi que j’ai utilisé l’esprit créatif du Sakero pour tenter de comprendre quel peut être, au fond, le véritable sens de la danse.

Quel est le sens de votre geste artistique ?

Kuo-Shin Chuang : À travers la contrainte physique des danseurs tenant des bambous, on met l’accent sur la complicité et l’unité des danseurs, tout en exprimant les caractéristiques des mouvements corporels de la danse festive de la récolte à travers des gestes répétés. La présence multiple des danseurs et des bambous reflète une interrogation sur la perte de la culture de la danse.

Quelles sont les conditions de création aujourd’hui à Taïwan ?

Kuo-Shin Chuang : Le contexte de création artistique à Taïwan aujourd’hui est extrêmement libre et diversifié, et cette diversité et cette liberté ont également donné lieu à de nombreux phénomènes intéressants ainsi qu’à certaines limites.

Que représente pour vous le fait d’être à Avignon?

Kuo-Shin Chuang : Je pense que cela représente une reconnaissance envers les œuvres chorégraphiques et les chorégraphes, et cela offre également davantage d’opportunités de dialoguer avec des professionnels et des spectateurs européens, tout en ouvrant une porte pour que les créations des artistes chorégraphes des peuples autochtones de Taïwan soient appréciées dans le domaine artistique européen.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Sakero de Kuo-Shin Chuang
Festival OFF d’Avignon
La Condition des soies
13, rue de la Croix
84000 Avignon
du 7 au 29 juillet 2023 à 16h34 – Relâches : 11, 18, 25 juillet 2023
Durée : 40min

chorégraphie de Kuo-Shin Chuang
avec Yi-Fan Kao, Chih Lin, Yi-Cheng Yu Gao, Uti Mayaw, Sawmah Karoh, Yi Jiang Ating, Iciyang Namoh, Joanne Pirrie (2019)
Régisseur – Yi-Ju Wu
Costumier – Chih-Yang Huang
Musique – Selections de Wimme « Wimme »
Conseillère artistique – Morag Deyes

Conseiller chorégraphique – Rob Heaslip
Dramaturge – Angus McLean Balbernie

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