Depuis le confinement, on n’arrête pas de nous rabâcher que le théâtre est mort par la faute des séries diffusées en streaming sur les nombreuses plateformes qui ont envahi la toile. Que les jeunes surtout préfèrent donc rester devant leur écran que d’aller « s’ennuyer » dans une salle de spectacle. Puisqu’il en serait ainsi, Nicolas Le Bricquir a décidé de monter un spectacle comme si c’était une série, avec ses épisodes. Le résultat est des plus surprenants. Quant aux fameux jeunes qui auraient déserté ce bon vieux théâtre, ils étaient bien présents et montraient leur contentement dans une salve d’applaudissements.
Tout comme sur l’écran mais en mieux
Denali démarre par son générique qui défile. On y voit des paysages d’une contrée bien sombre et des visages d’adolescents intrigants. La musique jouée en direct par Louise Guillaume sur un piano électrique fait songer à celle de Twin Peaks. Elle accompagnera la montée dramatique tout au long du spectacle. Comme à la télé ! L’ambiance est posée.
Le metteur en scène a divisé en deux le plateau. La première partie est destinée à la police. C’est dans ce carré que l’on suivra l’enquête deux détectives et les interrogatoires des suspects et des coupables. Tous les flash-back se passent dans l’autre partie. On y voit comment les fautifs du drame ont tenté de la raconter puis, au fil de l’enquête, ce qu’il s’est réellement passé. Au centre, une toile où sont projetés les photos, les échanges de textos, les posts des réseaux sociaux et… le générique. Les fameux « passer le récapitulatif » et « passer à l’épisode précédent » sont présents ! Mais rassurez-vous, il n’y a que trois épisodes.
Une descente aux enfers
Qui a tué d’une balle dans la nuque, avant de la jeter dans la rivière Ekluna, Cynthia, dite Cece ? Pour certains, elle était légèrement retardée mentale et pour ses amis, une jeune fille naïve et trop gentille. L’action se passe à Anchorage, petite bourgade au pied du Mont McKinley, appelé aussi Denali. Au pied de ce magnifique glacier de la chaîne de l’Alaska la vie semble d’un triste ennui pour sa jeunesse. Celle-ci est au cœur du problème. Les deux derniers à l’avoir vu sont Denali (en hommage au Mont McKinley) et Kayden. Sont-ils aussi innocents qu’ils le prétendent ? Que s’est-il vraiment passé ? Vous le saurez en allant voir le spectacle !
L’auteur est parti d’une histoire vraie qui fait frémir. Jusqu’à quel point peut-on aller de l’argent facile, une heure de gloire où une reconnaissance ? Cette jeunesse désœuvrée qui ne regarde le monde qu’à travers les réseaux sociaux est en perte de sens morale. Ils se font du mal sans le savoir. Comment en est-on arrivé là ? Ils gâchent leur vie et ne semblent même pas s’en rendre compte.
Une troupe à l’unisson
Mis en scène avec une fort belle agilité, Lucie Brunet, Lou Guyot, Caroline Fouilhoux, Jeremy Lewin, Lauriane Mitchell et Guillaume Ravoire, passant d’un personnage à l’autre, jouent sur les nombreuses émotions qui traversent les protagonistes. Ces formidables comédiennes et comédiens font vivre ce thriller haletant. À quand la prochaine saison ?
Marie-Céline Nivière
Denali, texte et mise en scène de Nicolas Le Bricquir
Studio Marigny
Carré Marigny
75008 Paris.
Jusqu’au 30 janvier 2024.
Durée 1h30.
Festival Off Avignon – La Factory – Théâtre de L’Oulle
19, Place Crillon 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 à 15h30, relâche les lundis.
Avec Lucie Brunet, Lou Guyot, Caroline Fouilhoux, Jeremy Lewin, Lauriane Mitchell, Guillaume Ravoire, Louise Guillaume (musique)
Assistante à la mise en scène Charlotte Levy
Régisseurs Max Moro et Hugues Le Bricquir.
Texte édité par L’Avant-Scène Théâtre