Dans le cadre de Montpellier Danse, la mythique troupe de Majorettes de la ville, créée en 1964 et menée de main de maître par l’énergique et non moins septuagénaire Josy, fait le show sur des variantes du tube new wave « so eighty » du groupe Visage, Fade To Grey. Vêtues de justaucorps bleu roi, de vestes blanches, jambes gainées dans des bas brillants couleur chair, cheveux remontés en faux chignon, visages pailletés, dix des quinze membres des Major’s Girl prennent d’assaut l’Agora, font virevolter leur bâton comme personne et mettent un peu de « glam kitsch » dans le cœur des festivaliers.
Sourire aux lèvres, débordant d’une bonne humeur communicative, les dix artistes amatrices, dont la moyenne d’âge est de 60 ans, les plus jeunes ayant tout juste la quarantaine, arpentent le plateau d’un pas militaire, le traversent en diagonale, se déploient en quadrille pour mieux se resserrer, faire bloc. Tel un essaim d’abeilles – elles finiront le spectacle en tee-shirt jaune – couleur fétiche du chorégraphe – et leggin’s noir – , ces attachantes Major’s Girl butinent les rires, les applaudissements, les encouragements. Rien n’a dire, elles sont au top et fière de l’être. Toutes ont la passion chevillée au corps.
Faisant tomber le masque de « twirling girl » le temps d’un instant, elles se montrent sous le jour du quotidien, sans fard, pleines de cette force que leurs confère leur pratique, leur goût d’être ensemble, unis dans les moments heureux comme dans ceux plus douloureux. Femmes avant tout, elles touchent par leur authenticité, leur sincérité, leur simplicité. Passé l’état de fascination – elles ont sous les pieds ces majorettes – , c’est la sidération qui l’emporte. Mickaël Phelippeau, qui poursuit ici son exploration des pratiques amateurs, semble ne s’être borné qu’à encadrer ses « Wonder-Women » sans leur offrir l’écrin nécessaire à dépasser le stade d’un show paillette réussi. Toutefois, contrairement à ce que scande le leitmotiv de la chanson fil rouge, les Major’s Girl ne sont pas près de devenir grises. Haut en couleur, leur charme désuet et pétillant opère au-delà du manque criant d’écriture chorégraphique et dramaturgique !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Montpellier
Majorettes de Mickaël Phelippeau
Montpellier Danse
L’Agora – cité internationale de la Danse
18 Rue Sainte-Ursule
34000 Montpellier
jusqu’au 29 juin 2023
Durée 1h10
Tournée
Les 30 septembre et 1er octobre 2023 à La Filature, Mulhouse
les 21 et 22 octobre 2023 à La Halle aux Grains, Blois
le 25 novembre 2023 au Grand R, La Roche-sur-Yon
le 8 décembre 2023 au Zef, Marseille
les 27 et 28 janvier2024 à La Place de la Danse, CDCN avec le Théâtre de la cité, CDN, Toulouse
les 17 et 18 février 2024 à la Scène nationale d’Orléans
le 16 marc 2024 aux Quinconces, l’Espal, Le Mans
le 6 avril 2024 au TAP, Festival A corps, Poitiers
les 28 et 29 juin 2024 au Carreau du temple, Paris
Conception de Mickaël Phelippeau
Avec les Major’s Girls : Laure Agret, Josy Aichardi, Jacky Amer, Isabelle Bartei, Anna Boccadifuoco, Dominique Girard, Myriam Jourdan, Martine Lutran, Gianna Mandallena, Chantal Mouton, Marjorie Rouquet et Myriam Scotto D’apollonia
Regard dramaturgique d’Anne Kersting
Collaboration artistique :-Marie-Laure Caradec
Lumière d’Abigail Fowler
Son de Vanessa Court
Conception costumes – Karelle Durand
Réalisation costumes – Aline Perros
Régie générale – Jerome Masson