La catastrophe écologique annoncée est arrivée. Les eaux ont envahi la terre. La civilisation n’est plus, ou presque : un couple s’en est sorti. Entre deux grandes averses, ils errent à la recherche d’un abri. Relevant la tête, elle veut agir. Lui souhaite les protéger et, ainsi, garder la tête sous l’eau. Même en des temps difficiles, le dialogue n’est pas simple.
En décrivant le monde tel qu’il pourrait être dans un futur proche, Déluge, la nouvelle pièce de Laure Loaëc, s’inscrit dans le genre de la fiction d’anticipation, tel Ravages de René Barjavel, Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou, mon préféré de tous, Un bonheur insoutenable d’Iran Levin.
Ce nouveau spectacle nous a moins touché que son précédent, l’excellent Noces de Corail. On retrouve Frédéric Thibault à la mise en scène et Zakariya Gouram à la collaboration artistique. Les eaux mouvementées dans lesquelles les protagonistes se débattent sont trop vastes. À trop vouloir inscrire la scénographie dans le style « fin du monde » et abuser des silences à la Beckett, la traversée des sentiments coule moins de source. Il n’empêche qu’on ne peut demeurer insensible au traitement de ce couple à bout de souffle, incarné avec une grande sensibilité par Amandine Pudlo et Julien Héteau. Leurs propos, leurs questionnements, leurs faiblesses, leurs forces s’adressent à nous, êtres humains d’aujourd’hui. Plus que jamais, la femme apparaît comme l’avenir de l’homme. Et n’oublions pas que « les dinosaures aussi pensaient avoir le temps ! »
Marie-Céline Nivière
Déluge de Laure Loaëc.
Funambule Montmartre
53 rue des Saules
75018 Paris.
Jusqu’au 2 avril 2023.
Du mercredi au samedi à 19h ou 21h, les dimanches à 16h.
Durée 1h.
Mise en scène de Frédéric Thibault,
Collaboration artistique de Zakariya Gouram,
assistés d’Ambre Febvre.
Avec Amandine Pudlo et Julien Héteau.
Scénographie et costumes Sarah Bazennerye.
Lumières de Florian Guerbe.
Création sonore de Stéphane Levy-Bencheton.
Extrait sonore de Thomas Römer.