Grand-Duc d'Alexandre Horréard - mise en scène de Laurent Charpentier © Hervé Bellamy

Grand-duc, dans la tête d’un loup solitaire

Dans la petite salle du Théâtre Ouvert, Laurent Charpentier se met en scène dans Grand-Duc d'Alexandre Horréard.

Grand-Duc d'Alexandre Horréard - mise en scène de Laurent Charpentier ©
© Hervé Bellamy

Un homme est décédé. Poignardé en plein cœur, il baigne dans son sang. L’inspecteur chargé de l’enquête fait les premières constatations. Loin d’un polar classique, Grand-Duc invite à un voyage introspectif dans les pensées du policier. S’identifiant à la victime et à ses proches, il multiplie les changements de vue et d’angle. Il essaie à travers ses digressions de comprendre ce qui s’est passé, de trouver l’assassin. Très vite, les réflexions du mort se mêlent aux siennes. Commence alors une autre partition plus profonde, plus psychologique. Le polar n’est que prétexte pour plonger dans l’âme d’un homme solitaire en quête de rédemption. 

Seul en scène, Laurent Charpentier transforme le plateau en un espace mental que divise des rideaux de différentes textures et couleurs. Se parlant à la troisième personne, il explore les zones d’ombre de la vie de la victime autant que les siennes. Imaginé comme un puzzle psychologique, le texte d’Alexandre Horréard brouille les pistes pour mieux nous entraîner sur une pente glissante, celle d’un être humain en pleine dépression, qui se raccroche à la vie d’un autre comme d’autres le feraient avec une bouée de sauvetage. Double ou mirage, dans la tête de l’inspecteur tout se conjugue, s’entremêle jusqu’au vertige. Malheureusement l’écriture du jeune auteur, toute en circonvolutions, retours en arrière et itérations, finit par se perdre dans un maelström de sensations, de réflexions ésotériques et philosophiques, qui noient au long cours le spectateur dans un trop-plein de mots et d’idées. 

En fin metteur en scène et comédien aguerri, Laurent Charpentier sauve la mise. Passant d’un personnage à l’autre avec une fluidité incroyable, il éprouve au plateau son jeu tout en justesse et nuance, mouille littéralement sa chemise et nous emporte sur le fil au plus profond des méandres d’une âme humaine désespérée. Une performance singulière autant qu’effrénée qui laisse l’artiste K.O. 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore 

Grand-Duc d’Alexandre Horréard
Théâtre Ouvert
Petite Salle
Avenue Gambetta
75020 Paris
du 13 au 25 mars 2023
Durée 1h15 environ

Mise en scène et jeu – Laurent Charpentier
Scénographie de Gaspard Pinta
Conception lumières de  Laïs Foulc
Conception sonore de Madame Miniature
Images vidéo d’Inès Bernard-Espina
Regard – Delphine Cogniard
Conseil chorégraphique d’Alexandre Nadra
Assistante à la mise en scène – Laurie Coniglio
Assistant à la scénographie – Marius Belmeguenaï
Assistant à la création sonore – Jules Le Buhé

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