Au Petit-Montparnasse, le duo Alysson Paradis-Philippe Lelièvre nous invite à un pas de deux tout en équilibre et fausse légèreté parfaitement dosée. Elle, c’est Mila, une jeune femme lumineuse, pétillante, qui ne se prend pas la tête. Lui, c’est Joseph, un quinqua bourru, très à cheval sur les principes et la langue française. Entre les deux, un gouffre… que les aléas de la vie vont finir miraculeusement par combler.
Rien, en effet, ne laissait présager leur rencontre. Un jour, Mila, véritable arc-en-ciel ambulant, répond à une annonce d’aide à domicile. Habituée à gagner sa croûte en enchaînant les petits boulots, elle ne s’offusque de rien. En arrivant chez Joseph, elle découvre un appart ouvert à tous vents, presque vide, où seul un frigo et quelques cartons remplis de livres servent de déco. En fauteuil roulant, suite à un grave accident, Joseph s’est terré dans une tanière sans âme. Vêtu de noir de pieds en cap, il traîne sa tristesse, les restes encore mal digérés d’un passé heureux. Afin de se sentir vivant, il souhaite confier à la jeune femme une mission fort mystérieuse. C’est le début d’une histoire, d’une aventure bien étrange où s’esquissent en filigrane des liens insoupçonnés, des émotions inattendues.
À l’écriture, Alain Teulié manie avec une belle habileté les retournements de situation, les fausses pistes et déjoue adroitement les conclusions hâtives. Construite à la manière d’un roman-photo, la pièce s’amuse des contraires, joue des oppositions pour saisir le spectateur, l’amener sans préalable du rire aux larmes. Une matière dont se saisit ingénieusement Philippe Lelièvre, qui signe une mise en scène efficace et enlevée. Parfait dans le rôle de l’ours mal léché qui, derrière sa carapace, cache un petit cœur prêt à battre à nouveau, il offre à Alysson Paradis un rôle à sa mesure, tout en variations et authenticité. Elle est, comme toujours sur un plateau de théâtre, lumineuse et attachante. En un mot, Le Manteau de Janis est une comédie dans l’air du temps, humaine et touchante, à déguster à pleines dents !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Le manteau de Janis d’Alain Teulié
Théâtre du Petit-Montparnasse
31 Rue de la Gaîté
75014 Paris
Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h
durée 1h25
Mise en scène de Philippe Lelièvre et Delphine Piard
Avec Alysson Paradis et Philippe Lelièvre
Décors de Capucine Grou-Radenez
Costumes de Claire Djemah
Lumières de Philippe Sazerat