Avril 2021, le metteur en scène est invité par Lucie Pollet à l’École du Nord pour animer auprès des élèves-comédiens de la promo 6, dernière de l’ère Christophe Rauck, un stage de théâtre de cinq semaines. Assez vite, un étonnant phénomène se produit, une rencontre entre son passé et leur présent.
À travers la fougue de cette jeunesse exaltée qui rêve d’en découdre, de refaire le monde, d’utiliser l’art dramatique pour changer les mentalités, faire évoluer la société de demain, Guillaume Vincent revit ses années d’apprentissage à l’école du TNS, qu’il intègre en septembre 2001, juste avant l’effondrement des tours jumelles à New York. Vient alors l’idée de faire théâtre de ce Vertige, de cette confrontation générationnelle. Entremêlant ses souvenirs au quotidien de ces artistes d’à peine vingt ans, il tisse des récits de vie où désirs, doutes, engagements politiques nourrissent des vocations, font des carrières ou parfois aussi se leurrent d’illusions.
Remontant le temps, évoquant attentats terroristes, montée du FN, sida, viol, violences sexistes, Guillaume Vincent fait feu de tout bois quitte à se perdre, à ne jamais approfondir son sujet. Bien sûr, il est question de théâtre, de grands textes, d’apprentissage, de transmission, mais, à trop feuilletonner ses tranches de vie, il s’égare, met en lumière l’anecdotique sans vraiment trouver le bon tempo. Ce serait bien réducteur de s’arrêter à cette impression générale de rendez-vous manqué. L’âme de Vertige est ailleurs.
Formés ensemble, à la manière d’une troupe de théâtre, les sept comédiens, tous excellents, –Suzanne de Baecque, Adèle Choubard, Maxime Crescini, Simon Decobert, Joaquim Fossi, Solène Petit, Rebecca Tetens – habitent le plateau, brûlent les planches et nous invitent dans leur quotidien d’artistes entre rêve de gloire et réalité pragmatique. Mettant leurs tripes au plateau, ils donnent corps à ce spectacle kaléidoscopique où tirades célèbres et dialogues triviaux se chevauchent et se conjuguent. Lumineux, impétueux, follement drôles, ils sont le cœur battant de ce Vertige (2001-2021). On leur souhaite de palpiter encore longtemps, toujours plus intensément, plus vibrant que ce soit au TNB, aux Bouffes du Nord en partenariat avec Les Amandiers, à la Comédie Reims ou au CDN Besançon Franche-Comté !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Tourcoing
Vertige (2001-2021) de Guillaume Vincent
Création au Théâtre L’Idéal – Théâtre du Nord
19 Rue des Champs, 59200 Tourcoing
Durée 2h35 avec entracte
Tournée
les 8 et 9 février 2023 à la Scène Nationale 61, Alençon (61)
le 23 février 2023 au Théâtre d’Angoulême, Scène Nationale (16)
le 3 mars 2023 au Théâtre d’Arles (13)
du 23 mars au 8 avril 2023 au Théâtre des Bouffes du Nord en partenariat avec le Théâtre Nanterre-Amandiers (75)
du 12 ai 14 avril 2023 à La Comédie de Reims, Centre Dramatique National (51)
du 25 au 27 avril 2023 au Centre Dramatique Besançon Franche-Comté (25)
du 6 au 9 juin 2023 au TNB, Centre Européen Théâtral et Chorégraphique, Rennes (35)
en juin 2023 (date à venir) – Festival d’Anjou (49)
Mise en scène de Guillaume Vincent
Texte de Guillaume Vincent en collaboration avec les interprètes
Avec Suzanne de Baecque, Adèle Choubard, Maxime Crescini, Simon Decobert, Joaquim Fossi, Solène Petit, Rebecca Tetens (issus de la promotion 6 de l’École du Nord) et six enfants
Dramaturgie de Constance de Saint Remy
Collaboration artistique de Marion Stoufflet
Scénographie d’Hélène Jourdan
Lumières de Sébastien Michaud
Costumes de Lucie Ben Bâta
Son de Tom Ménigault
Crédit photos © Simon Gosselin
