Elle est Eve, une jeune femme à l’aspect fragile. Nous la voyons évoluer dans sa pièce, s’occupant de l’ordinaire, le ménage, la lessive, la préparation du repas. Dans un coin des jeux pour un tout-petit sont bien rangés, dans un autre trône un piano. La bibliothèque regorge de livres de la collection de la bibliothèque rose et verte. Quelque chose cloche. La seule fenêtre est une ouverture de cave, muni de barreaux. La porte est blindée. Puis, l’homme arrive. Et là, on comprend que nous ne sommes pas dans un quotidien quelconque. Elle est la prisonnière d’un prédateur.
Le syndrome de l’oiseau de Pierre Tré-Hardy est conçue comme ces thrillers américains, ceux de Lisa Gardner que l’on aime dévorer. Partant de ce fait, il y a du suspens et donc il serait mal venu d’en raconter plus. C’est rudement bien mené et l’on frémit souvent. Mes deux voisines de rangs étaient parfaites dans leurs réactions, s’inquiétant à chaque déroulement de l’action. Bien sûr on pense à Natascha Kampusch. L’auteur s’est d’ailleurs inspiré de cette terrible histoire, s’intéressant à ce moment où la jeune fille, tel un oiseau en cage, va enfin retrouver sa liberté.
La mise en scène, conjointement signée de Renaud Meyer et Sara Giraudeau, est d’une efficacité redoutable. Sans nous enfermer dans un style cinématographique, ils laissent la part belle à ce que notre imaginaire puisse travailler. Dans le rôle de Franck, Patrick D’Assumçao, dans un jeu très adroit, est terrifiant. Toute la force de ce spectacle tient à l’interprétation au cordeau de Sara Giraudeau. Si bien que, se débattant entre cette enfance volée et cette vie de femme imposée, jouant sur le fil de la folie, se nourrissant d’espoir, l’actrice possède une belle palette de nuances. En conséquence, nous ne tombons jamais dans le pathos et la caricature. Cela vibre et nous transporte.
Marie-Céline Nivière
Le syndrome de l’oiseau de Pierre Tré-Hardy.
Petit Saint-Martin
17, rue René Boulanger
75010 Paris
Du 23 janvier au 20 avril 2024.
Durée 1h30.
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris.
Du 18 janvier au 12 février.
Du mardi au samedi à 20h30, dimanche 15h30.
Durée 1h30.
Mise en scène de Sara Giraudeau et Renaud Meyer.
Avec Sara Giraudeau, Patrick D’Assumçao et la voix de Denis Podalydès (de la Comédie-Française).
Décors de Jacques Gabel.
Costumes de Pascale Bordet.
Lumières de Jean-Pascal Pracht.
Créations son de Bernard Vallery.
Texte édité par L’Avant-Scène Théâtre.
Crédit photo © Giovanni Cittadini Cesi