David Coria © Marian Adreani

David Coria, le flamenco dans la peau

Dans le cadre du Festival Trajectoires, qui se tient actuellement à Nantes, l'artiste espagnol, en collaboration avec Jann Gallois, présente Imperfecto.

David Coria © Marian Adreani

Dans le cadre du Festival Trajectoires qui se tient actuellement à Nantes, l’artiste espagnol, en collaboration avec Jann Gallois, présente Imperfecto, un spectacle fusion entre tradition et danse contemporaine. Virtuoses, le ténébreux chorégraphe et sa partenaire y tissent le récit incandescent et drôle d’un amour passionnel. Rencontre.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Je viens d’une famille qui aime beaucoup le chant et la danse. Par conséquent, si nous parlons de contextes informels, où il n’y avait même pas d’intention de créer de l’art, les premiers souvenirs qui me viennent à l’esprit sont ceux de mon père qui chante ou de ma sœur qui danse. Sinon, ce sont les spectacles de chant flamenco et de copla espagnole qui étaient diffusés sur les chaînes de télévision publique.

Quel déclencheur vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Lorsque j’étais enfant, j’avais du mal à établir des relations avec mes camarades de classe et à me faire de nouveaux amis. La danse m’offrait une liberté que je ne comprenais pas à l’époque, mais qui me rendait heureux. C’était un lien dont je n’ai jamais pu me séparer.

Imperfecto de Jann Gallois et de David Coria © Michel Juvet

Qu’est-ce qui vous a décidé à devenir danseur et chorégraphe ?
Les souvenirs de ma sœur en train de danser. Elle me captivait quand elle bougeait et je l’imitais tout le temps. Il n’y a jamais eu d’autre option dans ma tête que celle d’être danseur.

Quel est le premier spectacle auquel vous avez participé et quel est votre souvenir de ce spectacle ?
Je ne veux jamais oublier ces premières représentations publiques, alors que j’étais encore un danseur amateur, car elles ont marqué le cours de tous les événements. Donc, mon premier spectacle était à l’académie de danse flamenco de ma ville natale. Cependant, ma première participation en tant que danseur professionnel a eu lieu à l’âge de 15 ans, dans la compagnie d’Antonio el Pipa,$ où ont participé de grands artistes tels que Juana la del Pipa, Milagros Mengíbar et María del Mar Moreno.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Il est difficile de répondre à cette question. La danse est une forme d’art éphémère. Vous ne pouvez pas générer deux fois, les mêmes émotions, les mêmes connexions, et donc les mêmes moments. Choisir est presque impossible pour moi. Peut-être parce que c’est une expérience plus récente, je mettrais en avant la synergie créée par la production de ¡Fandango!. La connexion sur le plan artistique et personnel a été absolument spéciale.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
La rencontre la plus différente a certainement été celle avec la danseuse française Jann Gallois, avec laquelle j’ai eu le grand plaisir de créer la belle pièce, Imperfecto, avec laquelle nous sommes actuellement en tournée.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Dans une large mesure ! L’art implique un engagement profond dans mon développement, à tel point que ma vie personnelle et artistique n’ont plus vraiment de frontières et forment un amalgame dans lequel tout est lié.

Imperfecto de Jann Gallois et de David Cori © Luciano Rubio

Qu’est-ce qui vous inspire ?
La danse, dans son expression la plus large, a toujours été ma source d’inspiration. Observer le mouvement, la sensibilité qu’il s’en dégage, le message qu’il transmet. C’est mon inspiration.

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Absolument mystique. Je l’aborde toujours avec une série de rituels qui sont très importants pour moi, visant à me concentrer et à me rapprocher de mes propres émotions.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
L’estomac. C’est toujours la règle. Je perçois d’abord toutes mes émotions dans l’estomac : mon désir, mon dégoût, mon envie, mon rejet. C’est lui qui dicte la marche à suivre.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Je répète que je suis inspiré par le mouvement. Par conséquent, le partage avec d’autres artistes du monde de la danse et du mouvement me procure une grande satisfaction.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Au cours de tant d’années de carrière, vous créez des liens avec différents artistes, qui se consolident pour des raisons professionnelles, mais le jour où vous cessez de partager ces moments singuliers sur scène, un éloignement apparaît. J’ai toujours rêvé de pouvoir réunir les gens avec qui je travaille ou avec lesquels j’ai travaillé, de réaliser eux un spectacle encore plus personnel que ce que j’ai créé jusqu’à présent.

Si votre vie était une œuvre d’art, quelle serait-elle ?
Je ne pouvais pas répondre à cette question en choisissant une œuvre existante en tant que telle. Mais peut-être que si l’on pouvait éliminer la signification de la mort, de l’horreur et de la destruction dans son message, ce serait Guernica de Pablo Picasso. Je le vois comme comme une sorte de collage fou d’une multitude d’images qui gravitent autour de ce que signifie être espagnol tout en le remettant en question. Non sans drame, humour, racines, picaresque et amour…

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Imperfecto de Jann Gallois et David Coria
Festival Trajectoires
Théâtre ONYX
1 Place Océane
Saint-Herblain

Chorégraphie, mise en scène et costumes de Jann Gallois et David Coria
Regard Extérieur de Frederic Le Van et Daniel Muñoz Pantiga
Lumières de Cyril Mulon
Régie son de Chipi Cacheda

Avec Jann Gallois et David Coria (danse), David Lagos (chant), Alejandro Rojas (piano et clavicorde) et Daniel Suarez (percussions)

Crédit portrait © Marian Adreani
Crédit photos © Michel Juvet et © Luciano Rubio

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