Jacques Fesch est, comme on les nommait dans les années 1950, un « blouson dorée ». Ce fils à papa, glandeur et désœuvré, décide de braquer un bureau de change afin de financer l’achat d’un voilier pour gagner Tahiti. Cela tourne mal et, dans sa fuite, il tue un policier. Le jeune homme sera condamné à mort. Il se tourne alors vers Dieu et trouve la route de la foi, car Dans 5 heures, le couperet de la guillotine tombera.
Le comédien Fitzgerald Berthon s’est penché sur les écrits de prison de Fesch et en a puisé la matière à une réflexion sur le cheminement d’un homme face à une mort annoncée. Dans la salle des spectateurs, fervents catholiques, viennent pour écouter celui qu’il considère comme un exemple de rédemption par la foi. Mais, réduire le très beau travail de Berthon à cela, serait nous enfermer dans une cellule. Car ce spectacle aborde avant tout des thèmes plus ouverts qui restent d’actualité. Comment devient-on un délinquant puis un criminel ? Comment la justice se met en marche ? Que peut faire un homme face à l’enfermement ? Si Fesch a choisi la religion, et c’est ce qui lui a permis de partir en paix, d’autres prennent des voies différentes, cela peut passer par la culture, le travail associatif…
Dans ce plaidoyer contre la peine de mort, sous le regard complice de Vincent Jonquez, Fitzgerald Berthon réalise une performance théâtrale. Son jeu, nourri d’une sincérité profonde, est d’une grande qualité. La scénographie minimaliste évoque l’étroitesse d’une cellule. Dans cet espace réduit, l’acteur déploie la pensée par les mots mais aussi par le corps. Les mouvements chorégraphiques permettent de faire ressentir les combats intérieurs de Fesch, un être en quête de sens. Et ça c’est universel.
Marie-Céline Nivière
Dans 5 heures, d’après les écrits de prison de Jacques Fesch.
Théâtre de Belleville
16 passage Piver
75011 Paris.
Du 6 au 28 mai 2024.
Durée 1h.
La Flèche
77 rue de Charonne
75012 Paris.
(Création) Jusqu’au 15 février 2023.
Durée 1h.
Conception et interprétation de Fitzgerald Berthon.
Collaboration artistique de Vincent Jonquez.
Regard complice pour la danse de Jann Gallois.
Lumières de Vincent Hoppe.
Musique de Nils Frahm.
Voix off Eric Devillers et Maxime d’Aboville.