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Les trois mousquetaires, le spectacle… Opéra éléctro-pop so « queer »

Dominic Champagne et René Richard Cyr revisitent version comédie musicale le mythique roman d'Alexandre Dumas.

Torses bronzés, dénudés, muscles saillants, les mousquetaires du Roi Louis XIII n’ont jamais été aussi sexy que dans le musical qui fait actuellement vibrer le Palais des sports. Pour le reste, tout est à l’avenant. En effet, il est bien difficile de reconnaître sous ce déluge d’effets spéciaux, plutôt réussis, de sonorités électro, dignes d’une boite de nuit, de paroles dégoulinantes de bons sentiments, le roman de Dumas. Et pourtant, oubliant nos classiques, on se laisse prendre, saisir au vol par les rythmes endiablés, charmés par ses quatre garçons aux sourires ravageurs… Un opéra kitsch que l’on savoure avec un malin plaisir, en somme !

Alors que la salle plonge dans l’obscurité, un son assourdissant vrombit, résonne. Le ton pop rock de cette comédie musicale très librement adaptée du roman épique d’Alexandre Dumas est donné à peine le rideau levé. Le show imaginé par Dominic Champagne et de René Richard Cyr va nous en mettre plein les yeux et plein les oreilles.

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Tout commence sur le sol de Gascogne. Bien décidé à mordre la vie à pleines dents et à tenter sa chance à Paris, le jeune et fringant D’Artagnan (Olivier Dion toutes canines et pectoraux dehors) fait ses déchirants adieux à ses parents. Première chanson premier émoi dans le public. Le beau canadien, monté non point sur son destrier jaune mais sur un tapis roulant, entonne sous les ovations de la foule en délire De mes propres ailes. Entouré de danseurs, habillés de hayons rappelant la cour des miracles, le fougueux gascon arrive tant bien que mal à Paris. Un peu perdu dans l’univers bouillonnant de la capitale, par sa balourdise toute provinciale, il provoque en duel trois mousquetaires du roi : Athos (survolté Brahim Zaibat), Aramis (ténébreux Damien Sargue) et Porthos (charismatique David Dàn). C’est sur cette fausse note que naît leur belle amitié toute virile à la vie à mort présidé par le seul adage : tous pour un, un pour tous.

Charmé par Constance (mignonnette Megan Lanquar) la belle lingère de la Reine (éclatante Victoria Petrosillo), D’artagnan va traverser la France, franchir la Manche, aller à la rencontre du Duc de Buckingham (Golan Yosef tellement « queer ») afin de sauver l’honneur de sa souveraine tombée dans le piège tendu par le méchant Cardinal de Richelieu (Christophe Héraut) et sa cruelle acolyte Milady (flamboyante Emji).

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Si dans les très grandes lignes, l’intrigue est plus ou moins respectée, dans le détail il est bien difficile de reconnaître l’œuvre d’Alexandre Dumas. Ainsi, on se demande bien ce que vient faire Milady dans cette galère. Son personnage réduit à sa plus simple expression, ne vaut que pour entendre la voix singulière d’Emji, la charmante rousse, gagnante de la Nouvelle Star. En rognant sur des éléments clés de la trame romanesque – point de Rochefort, point d’intrigue amoureuse entre D’Artagnan et Milady, point de mari pour Constance, un flou total autour de la relation entre Athos et Milady, etc.- , Dominic Champagne et René Richard Cyr finissent par perdre en dramaturgie ce qu’ils gagnent en show haut en couleur.

Clairement, pour apprécier ce spectacle pop et « queer », il faut oublier totalement l’histoire des trois mousquetaires imaginée par Dumas. C’est à ce prix que vous serez totalement transporté et conquis par les envolées « éléctro », les étonnants numéros de voltige, les chorégraphies endiablées de Yaman Okur. Parce que oui, contre toute attente, on se laisse prendre au jeu et emporter par nos quatre gaillards au physique d’Apollon, au sourire ravageur. Leur prestance, les torses aux muscles saillants, les effets visuels et le mur d’images finissent par nous faire oublier les nombreux défauts de cette super production : chorégraphie en décalage total avec les chansons, sonorités « boum-boum », texte pauvre, ambiance de boîte de nuit et bal avorté.

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De cette comédie musicale résolument tape à l’œil, mais que l’on déguste avec un malin et savoureux plaisir, on retiendra la voix et le charme de Victoria, la tessiture rauque d’Emji et l’enjôleuse présence de David Bàn qui offre à Porthos certainement son enveloppe la plus sexy… En un mot comme un cent, la magie des Trois mousquetaires, le spectacle opère, alors n’hésitez pas à tenter l’aventure et plongez dans ce show de capes et d’épées fort sympathique.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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Les trois mousquetaires, le spectacle, un show clinquant et « queer »

Les trois mousquetaires, le spectacle d’après l’œuvre éponyme d’Alexandre Dumas
Palais des sports
34, Boulevard Victor
75015 Paris
jusqu’au 1er janvier 2017
du jeudi au dimanche à 20H30, séances supplémentaires

Mise en scène et livret de Dominic Champagne et de René Richard Cyr
Paroles de Lionel Florence et Patrice Guirao
Choréhraphie de Yaman Okur
Directeur musical : Olivier « Akos » Castelli
Consultant artistique : Brahim Zaibat
Scénographie de Stéphane Roy
Avec Brahim Zaibat, David Bàn, Damien Sargue, Olivier Dion, Emji, Victoria Petrosillo, Megan Lanquar, Christophe Héraut, Golan Yosef et Stéphane Metro

Crédit photos © Cyril Moreau / Bestimage

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