Depuis le 11 novembre 2022, la deuxième édition du festival OVNI bat son plein. Lancée à l’initiative de la directrice de Malakoff scène nationale, en partenariat avec le Théâtre de Châtillon et celui de Vanves, la manifestation met en lumière onze spectacles inclassables, nés de l’hybridation des arts vivants et des formes. Rencontre.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer ce nouveau rendez-vous culturel francilien ?
Armelle Vernier : Suite à ma prise de fonction à la tête de la scène nationale de Malakoff en septembre 2019, j’avais envie de créer un temps un peu différent dans la saison, un moment à part durant lequel il serait possible de dépasser les limites des genres artistique et des frontières. Je voulais, ainsi, inviter les spectateurs à développer leur curiosité, leur sens de la découverte et leur permettre de s’aventurer sur des sentiers moins rebattus. Par ailleurs, je trouvais important d’être en phase avec l’évolution des pratiques de nombreuses équipes artistiques qui décloisonnent de plus en plus le travail et créent ainsi de nouvelles écritures. Le foisonnement né de ces émulations a de quoi réjouir, tant il montre que le spectacle vivant ne cesse d’expérimenter et de se réinventer.
Vous avez ouvert le 11 novembre dernier, la deuxième édition …
Armelle Vernier : Oui, en effet. En 2020, suite à la crise sanitaire, je n’avais pu lancer mon projet. La saison 20-21 a été quasiment annulée dans sa totalité. C’est donc l’an passé que le festival OVNI a pu voir le jour. Je l’ai pensé pour être un marqueur de l’impulsion que je voulais donner au lieu. Étant une manifestation portée par trois structures, Malakoff scène nationale, le théâtre de Chatillon et celui de Vanves, il était important que nous bordions bien l’événement, d’autant qu’il est pensé comme une vraie rupture de rythme avec le reste de nos programmations respectives.
Comment a été pensé le festival ?
Armelle Vernier : nous avons imaginé un projet en deux axes, le décloisonnement des arts vivants et le renouvellement du rapport au public. Ainsi, nous suivons des équipes artistiques à expérimenter de nouvelles écritures, de nouvelles formes conjuguant théâtre, musique, danse, art visuel. Avec Anouchka Charbey de Vanves et Christian Lalos de Chatillon, nous avons donc imaginé, pour cette saison, une programmation très éclectique qui va de Pourama Pourama de Gurshad Shaheman, où le public en grande proximité est invité à partager des mets mais aussi toucher ou rencontrer seul à seul l’auteur comédien et metteur en scène iranien, à Paléolithique Story de Mathieu Bauer, qui avec son comparse de longue date, Sylvain Cartigny, propose à travers leur pratique conjuguant théâtre et musique, une immersion dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs du paléolithique. En explorant les prémices de ces embryons sociétaux afin de remettre en causes certains mythes, les deux artistes essayent à la manière d’un chantier de fouilles d’éclairer le monde d’aujourd’hui. Toutes les démarches que nous avons retenues questionnent la relation au public, la manière de le faire évoluer, de le transformer, de dépasser le rapport frontal pour plus de proximité, d’immersion, voire de co-création en l’impliquant dans le processus artistique. C’est notamment le cas avec Les Pièces manquantes d’Adrien Béal, sorte de puzzle théâtral, où chaque soir, le canevas change, les cartes du récit sont rebattues pour une expérience unique et non reproductible. En tout, ce sont onze spectacles, un film et une exposition que nous présentons aux festivaliers.
Combien y a-t-il de création ?
Armelle Vernier : Le spectacle de Mathieu Bauer sera créé cet automne. D’autres spectacles sont des créations in situ, nous initions par exemple une performance avec le travail de Renaud Cojo, 3 300 Tours. Le spectacle sera présenté en janvier, mais le travail préliminaire, qui consiste à aller chez l’habitant écouter un album marquant de son histoire, fait partie des propositions atypiques de cette deuxième édition d’OVNI.
Comment c’est fait le choix des pièces et des artistes ?
Armelle Vernier : nous avons travaillé ensemble avec Anouchka (Charbey) et Christian (Lalos). Cela a été très simple, car nous étions tous les trois désireux de ce temps à part et partagé. Nous avons la même appétence pour ces formes singulières et particulières. Quand je leur ai proposé mon projet, tout est allé vite, chacun proposant pour son lieu, en fonction de ses envies, de ses spécialités – les musiques expérimentales pour Anouchka et l l’immersif pour Christian, les spectacles qui vont faire partie de la programmation du festival. C’est assez joyeux et stimulant. Nous nous nourrissons les uns des autres dans une vraie dynamique constructive qui donne à voir la force de cette collaboration entre lieux du sud parisien.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Festival OVNI
Malakoff Scène nationale
3 Place du 11 Novembre
92240 Malakoff
du 11 au 26 novembre 2022
Crédit portrait © DR
photos © Matthieu Edet & © DR