Boys, boys, boys, le nouveau spectacle de Florence Foresti, affiche complet au Théâtre Marigny ! Avec le talent qu’on lui connaît, en pleine maîtrise de son art, l’humoriste traite avec beaucoup d’esprit et de dérision les travers de notre société, les relations hommes-femmes et le temps qui passe.
Avec cette affiche somptueuse, en référence à Madona et Marilyn Monroe, ce titre qui rappelle le tube de l’italienne Sabrina, Florence Foresti a mis l’eau à la bouche à beaucoup d’entre nous. Jouant sur ce qu’elle maîtrise de mieux, le décalage, l’humoriste s’y montre dans l’imagerie d’une féminité glamour. Et elle aborde la cinquantaine ! Quand on sait combien la société n’est pas tendre avec les ans, son affiche est un pied de nez à cet état de fait qui place la femme dans un tunnel. Déjà, c’est gonflé et superbe à la fois !
Ils sont venus, ils sont tous là
Devant le théâtre Marigny, attendant l’ouverture des portes, le public arrive. Il est composé de femmes en majorité, tous âges et classes sociales confondus. Un homme arrive et s’apprête à faire un selfie devant l’affiche. Je lui propose de l’aide afin que la photo soit meilleure, il m’explique qu’il va l’envoyer tout de suite à sa femme qui arrive avec ses copines. Elle a acheté huit places et il sera le seul homme du groupe. Il me dit en riant : « Je pense que nous n’allons pas être majoritaires dans la salle ! » Effectivement, la parité est inversée : plus de femmes que d’hommes, mais n’est-ce pas souvent ainsi dans une salle de spectacle ? En tout cas, n’ayez pas peur, messieurs, car si elle égratigne vos défauts, évoquant son père, celui qui lui a tenu la main et appris à grandir, elle vous adresse en même temps une belle déclaration d’amour.
La cinquantaine rugissante
De sa démarche chaloupée et dynamique, dans un flot de lumières dignes des grands shows à l’américaine, Foresti fait une entrée des plus remarquables. « C’est le Cirque du Soleil qui a rencontré le Lido ! » explique-t-elle, dans un grand éclat de rire, à son public qui lui fait une ovation de star. L’artiste enchaîne son spectacle, dans de faux Désordres savamment arrangés. Elle y évoque sa cinquantaine, son célibat qui aujourd’hui n’en est plus un, le rapport d’âges dans le couple, l’adolescence de sa fille, sa presbytie, sa technique de drague, les nouveaux hommes, le pouvoir de l’argent… Dans la salle, les rires éclatent en miroir : les anciens s’y reconnaissent, les plus jeunes y reconnaissent leurs aînés. Mais ils ne sont pas dupes, cela va aussi leur arriver !
Et puis, il y a ce passage irrésistible, où elle expose, avec ses mots et son imaginaire foisonnant, la place des femmes dans cette société patriarcale. Dans ce sketch formidable sur la préhistoire, elle rappelle que « le premier homme qui s’est levé était une femme » ! Si elle évoque la religion, c’est pour parler de ce grand influenceur que fut J-C ! Avant d’aborder sans pudeur, toutes griffes dehors, le harcèlement avec ses quatre techniques de séduction !
Une bête de scène
Toute à son aise sur la scène qu’elle arpente avec cette grâce toute personnelle fait de légèreté et de dandinements, de son débit vif et rapide, alternant adresses au public et sketches, Florence Foresti nous gâte avec ce spectacle un peu court, mais rondement mené. Cette artiste est un grand clown, comme l’était l’humoriste Zouc. Et si cette dernière était plutôt sombre, tel un Auguste, Foresti est un rayon de soleil qui, en ces temps sombres, nous fait un bien fou. Si c’est complet au Marigny, le spectacle partira en tournée avant de revenir à Paris en 2023. Alors ne manquez pas la cure de jouvence de Florence Foresti, car elle met joie et bonheur à l’honneur.
Marie-Céline Nivière
Florence Foresti dans Boy boys boys.
Théâtre Marigny
Carré Marigny
75008 Paris.
Jusqu’au 31 décembre 2022.
Durée 1h15.
Pour les dates de tournée cliquez ici
Textes co-écrits avec Pascal Serieis.
Mise en scène de Florence Foresti.
Scénographie de Jordan Magnee.
Lumières de Victorien Cayzeele.
Crédit photos © Ralph Wenig