Douce évocation de la vie torturée de Watteau, manquant parfois de relief et d’émotion.
L’argument : 1708. Mariée à Armand de Belle-Isle dont elle a deux enfants, Marquise rêve de devenir un peintre reconnu. Au cours d’une réception, elle tombe amoureuse d’un jeune artiste surdoué, fragile et irrésistible, Antoine Watteau. Ils s’aimeront à la folie. Il l’initiera aux fêtes galantes ; elle l’admirera et l’accompagnera jusqu’à sa mort prématurée, à trente-sept ans.
Bâtarde secrète de Louis XIV, Marquise charmera le vieux roi : il la légitimera dans son testament. Devenu régent, le duc d’Orléans qui abusa d’elle, trahira les dernières volontés du monarque. Elle n’aura de cesse, dès lors, de se venger, ira jusqu’à conspirer avec la duchesse du Maine et une bande d’aventuriers. Complots, enlèvements, jeux de masques, elle ne reculera devant rien.
Un roman illuminé par l’amour et le génie de Watteau.
La critique : Dernier opus de la trilogie le temps des femmes, Oublier Marquise nous entraîne dans les années de fin de règne de celui qui fut le Roi Soleil. Après les aventures de la grand-mère, Emilie, jeune provinciale quittant sa Bretagne natale pour tenter sa chance à Paris au temps de la Fronde, la vie d’artiste de la mère, Blanche, comédienne dans la troupe de Molière, cette saga familiale se termine par l’histoire de Marquise, femme de caractère, ancienne élève et amante de Rigaud, enfermée dans sa vie bourgeoise sans saveur rêvant de peinture, de liberté, et d’émancipation.
Loin d’être conventionnelle, cette Amoureuse, fille naturelle de Louis XIV, va devoir, sur fond d’intrigues et de guerre de succession entre les enfants légitimes et illégitimes du grand roi, trouver un équilibre entre son devoir d’épouse et la flamme qui la consume pour un peintre torturé et malade : Antoine Watteau.
En respectant un peu trop à la lettre, les codes de la comédie romantique et du roman historique, l’écriture fluide et élégante d’Emmanuelle de Boysson manque de corps, de fougue et d’élan. Si parfois on a du mal à croire à la fièvre amoureuse qui s’empare des deux amants, l’auteure nous offre une plongée enivrante dans l’univers créatif et onirique de Watteau, ainsi que dans la réalité parfois très dure de ce début de 18e siècle évoqué sans le moindre fard. C’est déjà pas si mal…
Publié aux Editions Flammarion et aux Editions poche J’ai Lu