La nouvelle, tant attendue, est enfin tombée. À 53 ans, le danseur et chorégraphe d’origine espagnole succèdera le 5 décembre 2022 à Aurélie Dupont au sein de la prestigieuse institution. Formé au centre international de danse Rosella Hightower à Cannes, l’artiste et ancien directeur de la Compagnie nationale de danse d’Espagne devra relever bien des défis pour redonner à la troupe une identité forte et une cohésion.
Habitué des lieux, José Martinez est entré à l’Opéra de Paris par la voie royale. Suite à son premier prix obtenu au concours de Lausanne en 1997, il intègre l’école de danse de l’Opéra de Paris. Son style, son élégance et sa technique impeccable sont vite remarqués. A l’issue de sa formation, il est engagé dans le corps de ballet. Puis il monte vite les échelons : sujet en 1990, il est promu à vingt ans premier danseur, juste après avoir obtenu la médaille d’or au concours de Varna. En 1997, à peine âgé de 25 ans, il est nommé danseur étoile à la suite d’une représentation de La Sylphide de Filippo Taglioni, le 31 mai 1997.
Interprète pour Mats Ek, Pina Bausch, George Balanchine ou Rudolph Noureev, il habite les rôles, leur insuffle une grâce, une sensibilité rare. Passionné des grammaires classiques mais ne boudant pas pour autant le contemporain, il crée plusieurs ballets, dont une adaptation du film de Marcel Carné Les Enfants du paradis. En 2011, il prend sa retraite de l’institution parisienne pour se consacrer à la transmission, à l’enseignement et à l’écriture chorégraphique.
Personnalité charismatique autant que discrète, la silhouette longiligne et le visage souriant, José Martinez fait partie de ses artistes que l’on a plaisir à rencontrer. Il est par ailleurs le premier à m’avoir donné le goût de la danse. Un soir de générale où il ne pouvait aller, il m’avait proposé de prendre sa place pour découvrir la recréation de Signes de Carolyn Carlson, qui s’imposa comme l’un de mes premiers chocs esthétiques. C’est ainsi grâce à lui que m’est venue l’envie de découvrir cet art qui m’était encore étranger. Cette révélation précéda de peu mes premiers pas dans la critique du spectacle vivant.
Nommé ce matin après presque quatre mois de réflexion par un comité de sélection présidé par Bernard Stirn, président honoraire du conseil d’administration de l’Opéra, composé des chorégraphes Carolyn Carlson et Angelin Preljocaj ainsi que du danseur Charles Jude, José Martinez a souhaité mettre au courant en premiers les danseurs et danseuses du ballet. Il fera aussi partie du jury du concours de promotion du ballet, qui aura lieu le 4 et 5 novembre prochains. Une manière pour lui de faire connaissance avec la troupe.
Les dés sont enfin jetés, le ballet a une tête. Souhaitons bonne chance à ce danseur virtuose, cet homme de cœur, cet artiste curieux et enthousiaste !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Crédit photos © Didier Plowy