Arcadie, Sylvain Maurice © Christophe Raynaud de Lage
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« Arcadie » autarcique

Adapté du roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam, Arcadie conte le récit initiatique d'une irréductible indépendante se heurtant aux limites de l'utopie autarcique. Mais la mise en scène de Sylvain Maurice peine à trouver son souffle.

Contenue par un surcadrage en 16:9 qui nous dit combien sa vie est un film, l’adolescente Farah déroule les épisodes d’une enfance peu commune à l’intérieur d’une « confrérie du libre esprit », sous la coupe d’un gourou charismatique qui donne son nom à la pièce. Arcadie est le récit initiatique d’une irréductible indépendante se heurtant aux limites de l’utopie autarcique. Farah est intersexe, elle le découvre lorsque la puberté l’affuble de caractéristiques masculines — des poils drus, un torse plat. Et à mesure qu’elle grandit, les questions qui jaillissent en elle trouvent de moins en moins de réponses dans son microcosme, d’autant que des appels d’air l’attirent dehors, vers d’autres communautés.

Guidée par un dispositif scénique simple et efficace, qui laisse la part belle aux lumières très pop de Rodolphe Martin, la mise en scène de Sylvain Maurice, directeur du CDN de Sartrouville, semble vite ne se rapporter qu’à elle-même et à son dispositif. Comme on dit quand on a bien serré les vis, rien ne bouge. Mais souvent, le bougé compte. Constance Larrieu, bien qu’agile, finit par tournicoter sur le plan unique d’une candeur juvénile et diffusément ironique, souvent adoptée quand il s’agit d’adolescence, qui menace de tuer les enjeux dans l’œuf. Le texte seul, lui, condensé de l’ample roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, s’avère en outre émaillé de quelques lieux communs. Cette chronique d’une émancipation annoncée s’avère vite trop conventionnelle. Même si Farah, jolie idée, décide in fine de sortir du cadre.


Arcadie de Sylvain Maurice d’après le roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam
création octobre 2024 au
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN
durée 1H10

Reprise
4 septembre au 30 novembre 2024 au Théâtre de Belleville

Avec Constance Larrieu
Lumière de Rodolphe Martin
Création sonore de David Bichindaritz
Costumes d’Olga Karpinsky
Collaboration à la scénographie et régie générale d’Alain Deroo
Régie lumière de Daniel Ferreira
Régie son de Jérémie Tison
Régie plateau de Margaux Chevalier
Habillage de Mélodie Barbe
Maquilleuse, perruquière – Cordelia Beaudequin

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