Quand l’amour 2.0 frappe à la porte d’une quinqua solitaire et coincée, les quiproquos se multiplient, les fausses notes s’accumulent et les situations cocasses se suivent à un rythme effréné. Pris dans ce tourbillon sentimentalo-comique, plein d’humour et de légèreté, on se laisse gentiment charmer par cette comédie de mœurs douce-amère portée par l’épatante et rayonnante Catherine Hosmalin.
Un calme olympien règne dans le petit appartement parisien de Françoise (fantastique et lumineuse Catherine Hosmalin), une cinquantenaire charmante aux ressources limitées et aux amitiés rares. Esseulée depuis que son siamois s’est fait la malle, elle hésite à prendre une colocataire sous son toit pour combler sa solitude. Perdue dans ses réflexions, elle est interrompue par le son strident de la sonnette d’entrée. A peine, a-t-elle le temps d’ouvrir la porte, qu’une furie pénètre dans son appartement et s’impose sans autres formes de procès.
Petit brin de femme d’une vingtaine d’années, tenue provocante, Chloé (extravagante Lubna Gourion) mord la vie à pleines dents. Sexy en diable, danseuse de son état, elle croque les hommes, passe d’une histoire à une autre, d’un plan cul à un autre. Pour elle, tous les hommes sont des pervers et aucun ne vaut la peine de s’y arrêter.
Entre les deux femmes, c’est le choc des cultures. La cohabitation s’avère compliquée et pourtant petit à petit des liens vont se former, une amitié sincère et solide va naître. Elles vont se raconter leur histoire, leurs amours, leurs blessures, leurs rêves et leurs envies. Chacune va aider l’autre à retrouver un équilibre et à s’assumer.
Afin d’aider Françoise à rencontrer l’âme-sœur, Chloé inscrit cette dernière sur un site de rencontre sous le pseudonyme de Julia Roberts. Après plusieurs tentatives infructueuses, Hugh Grant, alias Gaspard (épatant et gauche Tom Dingler), se présente. De vingt ans son cadet, le jeune homme, timide et maladroit, est sous le charme de la pulpeuse « Quinqua », qui semble quelque peu déroutée par la rencontre. Cupidon finira-t-il par décrocher ses flèches ?
En s’intéressant à ce mal qui ronge nos sociétés, la solitude, l’incapacité à trouver l’amour, Emmanuelle Michelet signe une comédie légère qui séduit par sa fraicheur et sa douceur. S’amusant des personnalités et des aprioris, elle enchaîne les situations cocasses, les bévues et les malentendus. Les répliques font mouche et provoquent des salves de rire dans l’auditoire. Mais derrière la farce, la dramaturge égratigne gentiment notre société consumériste et notre rapport à l’autre de plus en plus dépendant de la technologie.
Si on se laisse séduire par cette gentille pièce sans prétention, c’est surtout grâce au charme et au talent des comédiens. Tout en finesse et bonhommie, Catherine Hosmalin illumine la salle de son sourire. Sa bonne humeur, son épatante personnalité et sa mélodieuse voix font le sel de ce spectacle. Entourée de deux jeunes comédiens prometteurs, la provocante et touchante Lubna Gourion et le timide et charmant Tom Dingler, elle conquiert la salle pour notre plus grand plaisir.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
En finir avec Hugh Grant d’Emmanuelle Michelet
Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
75008 Paris
Jusqu’au 23 décembre 2016
du mercredi au samedi à 19h00 et en matinée le dimanche à 15h00.
Durée 1h20
mise en scène d’Emmanuelle Michelet
Avec Catherine Hosmalin, Tom Dingler et Lubna Gourion
Crédit photos © Alexy Benard
