Lauréat du prix des lycéens et celui du public du festival Impatience 2021, le jeune artiste, sorti en 2016 de l’École de Saint-Étienne, pose ses valises jusqu’au 22 octobre 2022 au Théâtre 13. Pour sa toute première mise en scène, il s’attaque à un sujet délicat, mais tellement nécessaire, l’autisme. En s’attachant à suivre le parcours d’un gamin de sa petite enfance à l’âge adulte, touché par ce trouble du neurodéveloppement, l’auteur et metteur en scène signe une fresque humaine et sensible qui questionne nos sociétés et leurs capacités à s’adapter à la différence, aux cas particuliers, à l’extra-ordinaire.
Il était une fois, Adel, un petit garçon de deux ans. Sa mère est inquiète. Il semble différent des autres enfants de son âge, comme détaché du monde qui l’entoure. Il ne pleure pas, ne parle pas, ne se retourne pas quand on l’appelle. Les rendez-vous médicaux s’enchaînent. Au bout de deux ans, alors que le cocon familial est à bout de souffle, au bord de l’explosion, le diagnostic tombe, le garçonnet est atteint de « trouble du spectre de l’autisme » (TSA). Commence alors, une longue traversée, un itinéraire semé d’embûches pour le jeune garçon et son père démuni, la mère ayant disparu de l’idyllique tableau. École inadaptée, enseignante dépassée, aide tardive, ne sont que les stigmates d’un système à la dérive, incapable de prendre en charge l’enfant autiste, de lui permettre d’exister dans une norme plurielle et non exclusive et de soulager les parents.
Se nourrissant d’écrits de pédagogues et de rencontres avec des aidants, des personnels spécialisés et de jeunes adultes autistes, Maurin Ollès et sa compagnie La crapule tissent le récit d’une vie en creux, celle d’Adel et de ses proches. Conte contemporain ou fable moderne percutante et réflective, Vers le spectre est un objet certes imparfait, qui mériterait d’être resserré déci-delà, affinait par endroit, ciselait à d’autres, mais qui ne perd jamais sa force politique et dénonciatrice d’un système de santé défaillant. Portée par une troupe de comédiens énergiques et engagés – Clara Bonnet, Gaspard Liberelle, Gaël Sall, Bedis Tir et Nina Villanova – , cette saga familiale et théâtrale oscille entre tragédie humaine et farce ubuesque, sans jamais tomber dans la caricature. Le pari audacieux de jeune Ollès est donc clairement réussi et fait du jeune metteur en scène, une étoile montante, clairement à suivre…
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Vers le spectre de Maurin Ollès
Théâtre 13 – Bibliothèque
30 rue du Chevaleret
75013 Paris
jusqu’au 22 octobre 2022
Durée 2h15
Le Texte de Maurin Ollès avec l’ensemble de l’équipe artistique a reçu les encouragements de l’Aide à la création d’Artcena
Prix du Public et Prix Lycéen du Festival Impatience 2021
Avec Clara Bonnet, Gaspard Liberelle, Gaël Sall, Bedis Tir, Nina Villanova
Composition musicale de Bedis Tir
Costumes et scénographie d’Alice Duchange
Vidéo d’Augustin Bonnet & Mehdi Rondeleux
Lumière Bruno Marsol
Masques de Lily Bonnet
Avec le regard de Lucas Palisse, intervenant spécialisé autisme
Crédit photos © Lucas Pallen