Sous le soleil limougeaud, place de la République, le coup d’ envoi des Zébrures d’automne 2022 a été donné, hier, mercredi 21 septembre, sous des auspices joyeux et festifs. Retour sur une folle soirée où danse et son african techno ont fait le show.
Il est 18 heures, place de la République, devant un chapiteau rappelant quelques tentes berbères et un parquet de bal de salle des fêtes, le public se rassemblent autour d’un ring de boxe. Sur les balcons qui dominent l’esplanade quelques curieux pointent le bout de leur nez. Dans quelques minutes le top départ de la 39e édition des Francophonies des écritures à la scène, devenues « les Zébrures » sous l’impulsion d’Hassane Kassi Kouyaté, directeur de la manifestation depuis 2019, sera lancé. Après les discours de rigueur des huiles locales, le spectacle peut enfin commencer.
Danse(s) de combat
Cette année, c’est Salia Samou, qui ouvre le bal, avec une pièce chorégraphique de plein air. Questionnant la violence qui, depuis plusieurs années, s’insinue, toxique, dans nos quotidiens, dans nos rapports aux autres, le chorégraphe burkinabé imagine une œuvre collective et participative qui invite à repenser le combat dans sa dimension sportive et fédératrice, avec ses règles et ses codes. En proposant à une soixantaine d’amateur.rice.s de rejoindre l’espace scénique, supporters de l’une ou l’autre des deux boxeuses, il fait du plateau et de la salle, un lieu de lutte où guerre, agressivité, rivalité se font mouvements dansés, gestes bon enfant, sauts porteurs d’encouragement.
Un message plein d’humour, d’humanité
L’ensemble peut paraître, au premier abord, naïf, un brin brouillon, gentiment ingénu. Pas si simple. Derrière le décorum, la communion, s’esquisse en filigrane, une autre vision du monde, un message à caractère plus profond. Conjuguant le vocabulaire de la boxe à celui de la danse, à son sens d’un esthétisme entre épure et burlesque, Salia Sanou offre un autre regard sur nos rapports sociaux, une autre façon d’aborder les conflits et les tensions. Encore en rodage, À nos combats touche par sa vitalité, son énergie et le peps de folie qu’insinue avec malice le chorégraphe, habitué du festival limousin.
Place au son
Après un temps d’échanges, de détente, les festivaliers sont conviés sur le parquet de bal de l’Archipel à se laisser emporter par les vibes techno africaines du groupe Zar Eletrik. Clairement, ils en auront pour leur compte. Le groupe, constitué de deux activistes de la scène méditerranéenne, en a sous les instruments. Mariant avec virtuosité et habilité les transes gnaouies, les boucles de la musique subsaharienne et l’électro pop, ils mettent le feu, surchauffent l’espace et font danser participants aux Zébrures et limougeauds de tous âges. Une heure durant, leurs chants ensorcelants, leur présence scénique lumineuse et leur arrangement explosif invitent à un trip planant et percutant. Autant dire que les Zébrures ont commencé leur voyage en terres francophones sous des égides cadencées et prometteuses !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Limoges
Les zébrures d’automne
jusqu’au 1er octobre 2022
À nos combats de Salia Sanou
place de la République
87000 Limoges
durée 1h00
Avec Salia Sanou, Séga Seck, Marlène Guivier, Fatou Traoré, Marius Sawadogo, Soro Solo et 60 amateur·rice·s
Musique Séga Seck
Régie générale Rémy Combret
Zar Electrik
place de la République
87000 Limoges
durée 1h00
Avec Anass Zine (chant, oud, guitare, gumbri, percussions), Arthur Peneau (chant, Kora, percussions), Didier Simione (machines, synthés…)
Crédit photos © Christophe Péan et © Laurent Philippe
