Au Théâtre de la Reine Blanche, Sabine Pakora rappelle non sans humour que noire n’est pas un emploi. Accompagnée au plateau de deux sculptures grandeurs nature à son effigie – l’une en mama africaine, l’autre en pute -, la comédienne, autrice et metteuse en scène revient sur quelques expériences marquantes de sa vie de comédienne. Étant une femme noire aux formes très généreuses, elle est sans cesse renvoyée dans l’imaginaire des autres au rôle vidé de substances, de boniche, de prostituée ou de cruelle marâtre. Sans jamais chercher à creuser qui elle est et ce qu’elle a dans le ventre, tous l’enferment dans des carcans très clichés et quelque peu post coloniaux.
Sans acrimonie, et avec une certaine légèreté, elle balaye d’un revers de la main, a priori, idées préconçues et autres discriminations ordinaires. Caractère bien trempé affirmant un soi qui fait fi d’une société française corsetée de préjugés, elle signe un récit fragmentaire et kaléidoscopique piquant, mais jamais acide. Convoquant au plateau, les figures légendaires, telles Sawtche Baartman, plus connue sous le surnom la Vénus Hottentote, qui depuis des siècles ont essuyé les plâtres de cette curiosité malsaine des « Blancs », renvoyant systématiquement l’autre à un phénomène de foire, l’artiste franco-ivoirienne tente de mettre un point final à cette mascarade ségrégationniste et les draper d’une humanité enfin retrouvée,
Habitant la scène de sa sensible présence, Sabine Pakora touche juste avec naturel et élégance. Bien que l’ensemble manque encore un peu de fluidité, La Freak n’en est pas moins un spectacle nécessaire et vital !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
La Freak de Sabine Pakora
Festival Off Avignon – La chapelle du verbe incarné
21 G rue des Lices 84000 Avignon
Du 7 au 26 juillet à 18h, relâche les 13 et 20 juillet.
Durée 1h15.
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis, passage Ruelle
75018 Paris
Jusqu’au 5 octobre 2022
mise en scène de Sabine Pakora assistée de Morgane Janoir
collaboration artistique – Léonce Henri Nlend
lumières de Matthieu Marques Duarte
sculptures de Daniel Cendron
costumes de Laurence Benoit
chorégraphie d’Asha Thomas
regard extérieur -Paul Desveaux
Crédit photos © jérémie lévy