Anny Duperey affiche Mes chers enfants © François Pugnet

Anny Duperey lumineuse mamie libérée

La comédienne Anny Duperey reprend au Lucernaire, Mes Chers Enfants, une texte dans lequel elle irradie de vie et d'élégance.

Anny Duperey affiche Mes chers enfants © François Pugnet

Mes chers enfants de Jean Marbœuf offre à Anny Duperey un texte magnifique à faire entendre. Un hymne à la vie et à la femme qui résonne merveilleusement bien.

Qu’il est beau, ce texte de Jean Marbœuf ! Que c’est touchant, d’entendre les mots d’un homme sachant si bien parler de la femme, de la féminité, et de ses interrogations sur la vie qui passe. Son texte semble avoir été écrit spécialement pour Anny Duperey, tant le personnage lui ressemble. On y reconnaît des traits de caractère de Catherine Beaumont (Une famille formidable), d’Eva Rousseau (La faute à Rousseau), mais également de Charlotte (la jeune et belle mannequin d’Un éléphant ça trompe énormément).

Si, maman, si

« Mes chers enfants ! » : c’est par ces mots qu’elle démarre toutes ses lettres à sa progéniture. Elle en a, des choses à leur dire. Comme il n’est pas facile de faire entendre les mots, autant les coucher sur le papier. Elle a commencé cette correspondance, qui n’attend pas de réponse, le jour où elle a compris qu’ils ne l’entendaient plus. Ah ! Ces déjeuners du dimanche où le silence prend de plus en plus de place, où l’on voit sur le visage de ces enfants devenus adultes l’ennui de cette obligation. Cela ne devrait pas exister ! Alors elle va quitter l’appartement cocon parisien et s’installer à Ouistreham Riva Bella, charmante station balnéaire normande, mais également une porte d’entrée pour des migrants rêvant d’Angleterre.

Portrait de femme
Anny Duperey dans Mes chers enfants © DR

Telles des bouteilles jetées à la mer, elle s’y raconte au passé, au présent. Elle sait que son futur est de plus en plus court. Elle va leur parler de sa jeunesse, celle d’une femme qui a eu 20 ans dans les années 1970, puis de sa vie de femme, de mère, de veuve. Sans ménagement, et même, sans pudeur, elle va leur expliquer comment elle a choisi de vivre sa vieillesse loin d’eux, mais plus près d’elle-même, leur rappelant que, l’âge venant, la vie peut continuer, le combat se mener et même l’amour physique trouver encore sa place. Elle se met à nu n’ayant plus peur des mots.

L’élégance d’une grande dame

Anny Duperey, rayonnante, pleine de grâce, passant du sérieux à la gaité, joue sur les émotions. Elle râle, s’énerve, s’émerveille, se fait nostalgique, puis passionaria de cause perdue. La comédienne évite tous les pièges de l’épistolaire ! Chaque lettre devient une histoire et le tout trace le beau portrait d’une femme. On s’y reconnaît au détour d’une réflexion. Nous sommes tous des enfants qui ont fini par regarder nos mères comme des vieilles dames. Par peur de les perdre on se fait leurs parents, passant souvent à côté de l’essentiel. Nous portons toutes en nous quelque chose de cette femme aux accents si familiers.

Le cinéaste Jean Marbœuf n’en est pas à sa première pièce — on garde en mémoire son excellent Qu’est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford ? Il signe là une mise en scène très vivante, évitant l’aspect routinier que peut produire la lecture de lettres. S’appuyant sur les très belles vidéos de sa fille Julie Marbœuf et de Baptiste Magnien, il permet grâce à ces images d’aller au plus profond de l’âme du personnage. Le dernier petit film, sorte de point final, est bouleversant. Tout comme ce spectacle, qui parle de la vieillesse, de la mort et donc de la vie. C’est beau.

Marie-Céline Nivière

Mes chers enfants ! texte et mise en scène Jean Marbœuf.
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris.
Du 2″ août au 22 octobre 2023.
Du mardi au samedi à 21h, dimanche 18h.
Durée 1h20.


Théâtre de Passy
95 rue de Passy
75016 Paris.
Du 1er septembre au 30 octobre 2022.

Du mercredi au samedi à 21h, dimanche 16h.

Avec Anny Duperey.
Scénographie de Pascal Chatton.
Lumières de Laurent Béal.
Musique de Romain Romanelli.
Son de Laurent Chassaigne.
Création vidéo de Baptiste Magnien.
Images additionnelles de Julie Marbœuf.

Crédit photos © François Pugnet et © DR.

© Lucernaire

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