Au Festival d’Avignon, dans le cadre de Vive le sujet !, Tünde Deak poursuit l’exploration de son histoire personnelle. Avec sa complice, Léopoldine Hummel, elle convoque avec une belle sensibilité de vieux fantômes.
Tünde Deak vient d’accoucher de son premier-né. Entre ses bras, le petit être de chair au cœur vibrant cherche le réconfort maternel. Du plus profond de son être, une ritournelle hongroise surgit. Douce, lancinante, elle apaise mère et enfant. Une journée passe. Une question hante la jeune accouchée, mais d’où vient cette chanson, qui la lui a apprise ? Comment se fait-il qu’elle qui ne parle plus le hongrois depuis plus de 20 ans retrouve cette langue paternelle ?
La Hongrie en filigrane
Tout comme elle le faisait dans le fabuleux Tünde [tyndε] créé en mars dernier à la Comédie de Valence, l’autrice et metteuse en scène questionne son histoire, remonte le fil de ses souvenirs. De ses rapports lointains avec sa grand-mère hongroise qu’elle a peu vue, à ceux singuliers qu’elle entretient avec son père, retourné vivre à Budapest après des années d’exil, elle tisse un conte d’aujourd’hui, celui d’une chanson qui s’est nichée au chaud dans le cocon de sa mémoire.
Un refrain entêtant
Ladilom veut dire tralala, en soit pas grand-chose. Mais pour Tünde Deak, c’est bien plus que cela. C’est une chanson-refuge, une chanson-cabane dont le refrain réchauffe son cœur et celui de ses proches, répare son âme. C’est un doudou, une pierre qui éclaire son chemin vers un futur antérieur, un passé postérieur.
Une rengaine comme remède
Accompagnée de la musicienne Léopoldine Hummel, qui lui sert de double, de traductrice, et de quelques cailloux mémoriels – une vielle couverture au crochet « so » 1970, des instruments de musique, dont un piano d’enfant, un ballon de Grossesse, etc. – , l’autrice et metteuse en scène monte sur scène – un exercice qu’elle goûte peu – , renoue avec la langue maternelle de son père et fait la paix avec quelques-uns de ses fantômes. Tout comme une comptine enfantine oubliée dont on retrouverait les paroles, Ladilom s’envole joliment dans le jardin de la Vierge du Lycée Saint-joseph, réveille tendrement nos souvenirs. À l’unisson, le public fredonne cet air inconnu qui touche au plus juste nos émotions d’enfant !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore -Envoyé spécial à Avignon
Ladilom de Tünde Deak
Vive le sujet !
Série 4
Festival d’Avignon
Jardin de la vierge du Lycée Saint-Joseph
Jusqu’au 25 juillet 2022 à 18h
durée 35 min environ
Avec Tünde Deak, Léopoldine Hummel
Texte et mise en scène de Tünde Deak
Musique de Léopoldine Hummel
Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage