Débarquée de Montréal début juillet, la comédienne présente au Théâtre du Train Bleu, Hidden Paradise, un show hybride économico-burlesque qui défrise les idées reçues sur l’évasion fiscale. Avec son partenaire, Frédéric Boivin, Alix Dufresne en dénonce la pratique. Survoltée, elle brûle littéralement les planches – à billets, ici en l’occurence.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Fuerza Bruta à New York, mon père m’avait amené découvrir la « Grande Pomme » pour mes 16 ans. J’avais choisi le show le plus off Broadway sur le présentoir. Il se trouve que ça a été un des plus marquants de ma vie. J’avais aussi fait une crise à 14 ans parce que je ne voulais pas aller voir Tambour sur la digue de Mnouchkine parce que j’allais manquer une fête de copains. Une chance que mes parents ont insisté ! Haha !
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Toutes les pièces que j’ai vues. Les bonnes et les mauvaises. Mon parcours est une réaction d’attraction-répulsion et de réponses à l’art vivant que je vois par mes propres spectacles.
Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne et metteuse en scène ?
Je voulais faire des pièces de grand ensemble, avec acteurs, danseurs et décors d’opéra ! J’ai aussi découvert que lorsque j’ouvrais un livre, une pièce, un texte, je voyais la pièce se disposer en 3D devant mes yeux. Tout de suite, des images m’apparaissaient. C’est très stimulant d’imaginer le spectacle. C’est souvent mon moment préféré de mon travail de metteuse en scène.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Les Paroles de Daniel Keene, dans la grande salle du théâtre Prospero à Montréal. Ma première mise en scène. Ma première ligne droite vers ce qui serait mon style : mélanger le mouvement à la parole et le sacré au profane. Beaucoup de stress !
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Tragédies Romaines d’Ivo Van Hove.
Germinal, de l’Amicale de Production.
La face cachée de la Lune de Lepage.
Tout Mnouchkine, tout Dave St-Pierre.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Celles qui se renouvellent avec les projets : former une famille artistique, ça n’a pas de prix.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Il ne l’est pas : il me met constamment en déséquilibre ! Et c’est ce que je recherche pour rester saine.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
L’art visuel. Les mauvais spectacles et les bons. Les scénographies à grand déploiement (que je ne fais jamais, par choix, au final, haha !)
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Amour et frustration à égale partie. Je tends vers le rire pour rendre le tout moins angoissant, mais c’est pire, la comédie, c’est encore plus dur à faire.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans chaque muscle, chaque vertèbre et surtout sur ma peau. Je rêve mes pièces avec tout mon corps et mon visage au début. Je fais de la recherche somatique et sensorielle chez moi, seule, quand le texte entre dans ma peau.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
À part ceux avec lesquels je travaille déjà ? Aucune idée. Il y a un monde entre admirer des artistes et la réalité de partager une création ensemble.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
J’aimerais être comédienne sur un show fleuve très physique.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Ouh là !! Un mix entre Madame Bovary, le guide de la cueilleuse indigène des plantes d’Amérique du Nord et les BD de Liv Strömquist.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Hidden Paradise d’Alix Dufresne et Marc Béland
Festival Avignon Off – Théâtre du Train Bleu
40, rue Paul Saïn 84000 Avignon
Du 9 au 27 juillet 2022 à 14h15 les jours impairs
Durée 1h
Création, idée d’Alix Dufresne et Marc Béland
avec Alix Dufresne et Frédéric Boivin
Regard artistique de Sophie Corriveau
Dramaturgie d’Andréanne Roy
Composition sonore de Larsen Lupin
Scénographie, costumes d’Odile Gamache
Lumière de Cédric Delorme-Bouchard
Direction technique, régie – Seoyoung Park et Karine Gauthier
Crédit portrait et photos © Maxime Côté