Après L’Odyssée, en 2007, Andromaque, fantaisie rock en 2011 ! (Mon Dieu, cela ne nous rajeunit pas et c’est tant mieux !), la compagnie des Épis Noirs continue d’explorer les classiques. C’est autour de Britannicus de passer à la moulinette de Pierre Lericq. Le fondateur de la compagnie n’a pas son pareil pour s’emparer des grands textes fondamentaux et de leur redonner un coup de fouet ! Cela fonctionne aussi lorsqu’il s’attaque à l’histoire de France, comme avec son précédent spectacle, Allons Enfants ! Les Épis noirs, c’est un ton, un style, un univers ! On tombe dedans et on est foutu. Cela fait 30 ans, que cette compagnie nous régale avec ses créations.
On revisite ses classiques
Après l’héroïne troyenne, c’est autour du fils de Messaline de se faire déraciner ! Dirigés par un Monsieur Loyal (Pierre Lericq) dictatorial et à bout de souffle, les artistes d’un théâtre ambulant doivent exécuter la pièce de Racine en version rock and roll. On vous rassure, pas besoin de connaître sur le bout des doigts la trame de la tragédie pour comprendre ce qui est raconté. Et l’on prévient les puristes, la version est expurgée ! L’information peut rassurer les néophytes. Ce qui intéresse Lericq et, par là même le spectateur, est la corrélation entre le monstre de la Rome antique et celui qui menace le monde d’aujourd’hui.
The show must go on
Le cirque, dont il est question, est plus proche de l’univers du film de Tod Browling, Freaks (La monstrueuse parade) que de celui de la famille Bouglione. Ce Monsieur Loyal est aussi despotique que Néron, cet empereur qui, dans sa folie, et pour la beauté du geste, incendia Rome. Tyrannique, il mène sa troupe à la baguette mélangeant l’intrigue de Britannicus avec la propre décrépitude de son univers. Il sait que la fin de son empire est proche. Malgré tout, les derniers artistes, restés près de lui, s’échinent à faire entendre l’histoire. Ils vont donner toutes leurs ardeurs, leurs passions de leur métier pour que cela se passe plus ou moins bien. C’est formidable.
Vivent les artistes !
Les numéros s’enchaînent dans une éclatante mise en abîme. Les chansons rocks, qui parsèment l’intrigue, sont dans le ton. La mise en scène de Lericq, ne laissant aucun temps mort, nous entraîne dans une création fantasque et réjouissante. La troupe est au diapason pour faire résonner la folle histoire concoctée par leur patron qui se prend pour Narcisse. Jules Fabre (Britannicus et souffre-douleur), Gilles Nicolas (Albin-Albine et bonne pâte dévouée), Tchavdar Pentchev (Néron et fils du patron), Marie Réache (Agrippine et fidèle compagne), Juliette de Ribaucourt (Junie et la jeune apprentie comédienne) sont formidables. On adhère totalement !
Marie-Céline Nivière
Britannicus magical circus, texte, mise en scène et musique originale de Pierre Lericq
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Du 27 novembre 2024 au 9 février 2025
Durée 1h20
Festival Off Avignon – Théâtre du Balcon
38, rue Guillaume Puy 84000 Avignon
Du 7 au 26 juillet 2023 à 19h55, relâche les 13 et 20 juillet
Durée 1h20
Avec Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar Pentchev, Marie Réache, Juliette de Ribaucourt
Assistante mise en scène Bérangère Magnani
Scénographie d’Yves Kuperberg
Lumière de François Alapetite
Son de Jules Fernagut
Costumes de Chantal Hocdé Del Pappas
Crédit photos © Olivier Brajon