Au théâtre du Lucernaire, trois comédiens-musiciens talentueux et barrés nous embarquent dans une épopée burlesque, poétique et hilarante. Entre deux verres de whisky, ils revisitent des classiques du jazz et de la chanson française et font swinguer le public. Entremêlant, chants, confessions intimes, souvenirs improbables et histoires fantasmées, ils nous entraînent dans un ballet loufoque et décalé absolument délectable … Un délice d’humour et d’absurdité !…
Le public est invité à entrer dans une salle transformée en studio d’enregistrement où trônent un piano droit, quelques instruments, une valise et deux fauteuils club au cuir vieilli, avachi. Des verres et quelques bouteilles d’alcool complètent le surréaliste tableau. Le tout dégageant, une ambiance feutrée et intimiste. Une fois tout le monde installé, le noir se fait. Puis au centre de la scène, dans un halo de lumière, trois têtes hirsutes apparaissent. Portant costumes sombres, chemises aux couleurs vives et cravates, les trois hommes scrutent les spectateurs et entament un dialogue surréaliste autour d’une rencontre improbable.
En effet, l’un d’entre eux, celui du centre (fantastique Emmanuel Quatra), est sûr d’avoir passé une soirée passionnante en compagnie de Verlaine. C’est le point de départ d’une succession de récits et d’anecdotes plus délirants les uns que les autres. Ponctués de morceaux de musique réinventés et réorchestrés avec facétie allant de Trenet à Gershwin, en passant par Nougaro et Gainsbourg, les souvenirs et les situations cocasses s’enchaînent à un rythme fou et nous entraînent, pour notre plus grand plaisir, aux frontières de l’absurde : l’un de nos trois larrons espère trouver un repreneur à un quart d’arc-en-ciel récemment acquis et particulièrement encombrant ; un autre raconte ses déboires amoureux suite à une soirée passée à charmer une étrange créature, femme de face et homme de dos ; le dernier, enfin, se délecte des cruelles mésaventures qui assombrissent l’existence de son ex-compagne…
Ainsi, durant une heure et demie, nos trois artistes racontent avec un plaisir non dissimulé et communicatif les extraordinaires et rocambolesques aventures imaginées par Frédéric Rose et Vincent Jaspard. Portés par la mise en scène inventive et ingénieuse de Laurent Serrano, qui mêle théâtre et intermèdes musicaux, Laurent Prache (en alternance avec Pascal Neyron), Emmanuel Quatra et Benoît Urbain s’en donnent à cœur joie, s’amusent et nous entraînent dans un tourbillon drolatique et poétique qui séduit et grise… Fantastique !…
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Les élans ne sont pas des animaux faciles de Frédéric Rose et vincent Jaspard
Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame des Petits-Champs
75006 Paris
jusqu’au 6 novembre 2016
du mardi au samedi 21h et le dimanche 19h
durée 1h20
textes de Frédéric Rose et Vincent Jaspard
adaptation et mise en scène Laurent Serrano
avec Pascal Neyron ou Laurent Prache en alternance, Emmanuel Quatra, Benoît Urbain
arrangements musicaux de Benoît Urbain
Lumières de Didier Brun
Crédit photos © Franck Harscouët