En son théâtre des Halles (où il présente également Moi, Kadhafi), Alain Timár, associé pour l’occasion avec l’écrivain Michael Stampe, signe un spectacle surprenant. Tiré du roman portugais de Rui Zink, L’installation de la peur devient sur scène une farce grinçante et réjouissante.
Imaginez qu’un jour, deux installateurs pénètrent chez vous ! Ils ne sont pas là pour vous raccorder à l’électricité, le gaz ou la fibre. Non ! « En conformité avec la directive du gouvernement », ils viennent installer la peur. Ils débarquent sans prévenir chez une jeune mère de famille. Ils vont lui sortir leurs boniments sur la nécessité de leur mission. Elle va se débattre pour se débarrasser d’eux. Et elle va gagner, parce que comme le disait Ionesco : « La peur est irrationnelle. La raison doit la vaincre ».
Le ton de ce spectacle, mis en scène et scénographié par Alain Timár, est formidable. Une Madame Loyale, épatante, Valérie Alane, tout en sourire et en charme, mène la revue de ce grand cabaret où l’on expose les monstruosités que la société moderne s’amuse à nous inventer. Elle est accompagnée par le divin et espiègle pianiste, Vadim Sher. Dans leurs costumes à carreaux, jouant sur leurs tailles, les deux installateurs sont des Laurel et Hardy révisés par Pierre Etaix. Le diabolique Nicolas Gény et le candide Edward Decesari sont inénarrables. Toutes griffes dehors et totalement déjanté, Charlotte Adrien est absolument géniale. Installez-vous bien dans vos fauteuils et venez rire de la bêtise humaine ! Ça fait un bien fou !
Marie-Céline Nivière
L’installation de la peur de Rui Zink.
Festival d’Avignon Off – Théâtre des Halles.
Rue du Roi René 84000 Avignon.
Du 7 au 30 juillet à 19h, relâche les 13, 20 et 27 juillet.
Durée 1h30.
Adaptation Michael Stampe et Alain Timár.
Mise en scène, scénographie d’Alain Timár.
Avec Charlotte Adrien, Valérie Alane, Nicolas Gény, Edward Decesari et Vadim Sher (pianiste).
Lumières d’Olivier Forma.
Effets sonores et régie son de Quentin Bonami.
Création musicale de Vadim Sher.
Costumes de Sophie Mangin.
Construction décor d’Éric Gil et Sébastien Smither.
Crédit photo © Barbara Buchmann.