Portraits détaillés de Lucien Fradin © Pablo Albandea CC-BY-SA-4.0

Lucien Fradin, follement pédé

Au Train bleu, dans le cadre du festival OFF d'Avignon, Lucien Fradin explore avec fierté la culture gay, ses grands figures, ses gros poncifs

Portraits détaillés de Lucien Fradin © Pablo Albandea CC-BY-SA-4.0

Au Train bleu, dans le cadre du festival OFF d’Avignon, Lucien Fradin explore avec fierté la culture gay, ses grands figures, ses gros poncifs. Drôle, lumineux, totalement « queer », il explose les stéréotypes pour mieux esquisser le portrait des « homos » passé, présent et futur. Rencontre avec un artiste extravagant.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Il s’agit du spectacle Il tempo degli assasini de Pippo Delbono. Je n’y avais pas compris consciemment grand-chose, mais j’ai été émotionnellement très touché. J’ai compris quelques années plus tard que les thématiques traversées résonnaient en fait avec le vécu de l’adolescent gay que j’étais.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
En classe de 3e, j’ai rencontré pour la première fois un metteur en scène qui faisait du texte (Ubu Roi) une matière ouvrant à tout un champ d’imaginaires possibles, à une relecture permanente donnant un grand espace de liberté.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être metteur en scène ?
C’est l’envie d’abord de raconter des histoires qui étaient les miennes. Ce qui m’a plu ensuite, c’est la diversité des matières que l’on peut convoquer sur une scène, c’est pouvoir jouer avec elles et voir comment la façon dont on les fait cohabiter peut porter un propos, un regard désaxé sur le monde et nos intimités.

Portraits détaillés de Lucien Fradin © OFGDA

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
En tant qu’unique garçon dans une classe de filles au conservatoire, j’ai écopé du rôle central de Roberto Zucco. Mais ce fut un peu trop lourd pour mes fragiles épaules. Alors je me souviens de Pierre Foviau, le metteur en scène, qui cherchait mon endroit pour me rassurer, jusqu’à proposer une version en robe et rouge à lèvre de Zucco.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Crowd de Gisèle Vienne a été une claque esthétique et politique. La construction de ce spectacle, et son équipe au plateau, donne envie de revoir et revoir cette pièce, en changeant chaque fois de focale.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Ma plus belle rencontre est celle que j’ai faite avec Aurore Magnier avec qui nous dirigeons la compagnie La Ponctuelle. C’est la possibilité d’être un duo solidaire et militant, tout en gardant nos espaces de créations ouverts et libres.
J’ai aussi adoré travailler avec Dominique Gilliot et son rapport performatif à la représentation.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Je ne crois pas qu’un métier puisse participer de mon équilibre. Mais celui de metteur en scène est celui que je préfère. Mon équilibre, c’est de ne pas souffrir au travail.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les livres que je lis (et depuis deux ans seulement ceux écrits par des meufs et par des gays), les histoires des personnes que je rencontre, la chanson française, la communauté transpédéebiegouine qui m’entoure.

Portraits détaillés de Lucien Fradin © OFGDA

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Je le vois comme un privilège, celui de pouvoir dire et faire des choses devant tout un ensemble de gens qui regardent et écoutent, le droit de prendre la parole sans être interrompu, oui un privilège.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le désir de faire ce métier et comme un muscle tendu, un petit ressort en moi qui me donne envie de me lancer dans le travail le matin.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
François Chaignaud, Alain Buffard, Magali Mougel, Gisèle Vienne, Marlène Saldana, Jonathan Capdevielle, Yelle, Philippe Katerine, Pauline Picot, Copi, et évidemment la grande liste de tou·te·s celleux que j’oublie.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
J’aimerais participer à la création au plateau de l’Art de la Joie de Goliarda Sapienza.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Ouhlala, je pense que cette question va être évitée par une pirouette. Lucien fait une pirouette.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Portraits détaillés de Lucien Fradin
Sortie de résidence – Comédie de Béthune 28 janvier 2021

Reprise
Festival OFF d’Avignon
Théâtre du Train bleu
du 8 au 27 juillet 2022 à 19h20  – relâches les 14 et 21
juillet 2022
durée 1h05

Avec Lucien Fradin, le compositeur Claustinto et le vidéaste Pablo Albandea
costumes d’Antonin Gellibert

Crédit photos © Pablo Albandea CC-BY-SA-4.0 et © OFGDA

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