La 7e édition de cet événement gratuit et artistique, organisé par le Ccn2, se tiendra samedi et dimanche prochain sur le site de la Bastille à Grenoble. Imaginée par Yoann Bourgeois, en collaboration avec son adjointe Erell Melscoët, la programmation, qui conjugue en un temps restreint spectacles, concerts, balades artistiques, table ronde, Dj set et battle all style, se veut festive, éclectique et immersive. Rencontre avec le directeur de l’institution, qui quittera ses fonctions fin 2022.
Comment est née l’idée de cette manifestation ?
Yoann bourgeois : L’idée de cette manifestation est née de notre volonté de décaler légèrement la perception de « l’espace public », sous un angle poétique. L’espace public est une notion plus complexe qu’il n’y paraît, car la dimension de « public » n’est pas acquise une fois pour toutes. C’est une chose à défendre, à protéger peut-être. Pour que l’espace demeure réellement public, il faut qu’il soit vivant, ouvert aux possibles. Quoi de plus efficace que des gestes poétiques ouverts aux possibles ? D’où nos créations d’œuvres in situ. Parallèlement, pour que l’espace demeure public, il requiert une implication des usagers. C’est la raison pour laquelle cette manifestation a eu à cœur, durant ces sept années, de créer, avec les usagers eux-mêmes, certaines œuvres dites « participatives ». Cette manifestation s’inscrit dans la lignée des très belles Z.A.T imaginée par Pascal Lebrun Cordier auquel j’avais été associé de nombreuses fois avant ma nomination à la direction du ccn2 en 2016.
Qu’elle en est l’essence ?
Yoann bourgeois : Nous sommes habités par le désir de redessiner une autre cartographie de la culture, qui puisse déjouer certaines lignes de démarcation qui nous semblent parfois un peu figées : des lignes disciplinaires, sociales ou territoriales.
Le Festival fête ses 7 ans. Est-ce que l’événement a évolué depuis la première édition ?
Yoann bourgeois : Il s’agit d’un événement en mouvement. Le mouvement est même peut-être le cœur de cette manifestation. On y apprécie des œuvres dans des formes inédites de déambulation, arpentant « d’autres chemins ». On se met en mouvement pour jouer avec son propre regard afin de re-imaginer nos rapports aux espaces et aux autres. Et pour ne pas nous-mêmes nous figer, nous avons constamment déplacé l’événement, investissant une friche une année, une zone montagneuse, une zone urbaine, d’autres fois… Cette manifestation a donc constamment évolué !
Vous dites que c’est un événement tout-terrain. Qu’est-ce que cela signifie et implique ?
Yoann bourgeois : C’est la notion d’adaptabilité qui décrit notre méthode. Nous partons de tel ou tel lieu, qui est toujours singulier. Il génère des contraintes nouvelles et par là même offre toujours des perspectives propres. À chaque édition, nous cherchons à remettre en jeu notre capacité de perméabilité, de porosité avec l’espace. C’est encore une fois affaire de mobilité, je crois.
L’événement est pluridisciplinaire : danse, cirque, Musique, etc. Est-ce important pour vous ?
Yoann bourgeois : Ce n’est simplement plus la question. La question étant plutôt celle de nos interactions : tous les arts peuvent en fait contribuer à créer des formes d’interactions inédites et poétiques dans l’espace.
Ce grand rassemblement est aussi un événement politique engagé, éco-responsable. Est-ce pour vous nécessaire d’être en résonance avec l’actualité ?
Yoann bourgeois : L’actualité est comme un bruit permanent, qui n’a rien à voir avec le présent. Pour créer au présent, ou plutôt pour créer de la présence, un pas de recul est toujours nécessaire. C’est peut-être ce pas qui fait la « résonance ». Les enjeux écologiques sont, en effet, intrinsèquement liés à nos valeurs et constituent l’ADN de cet événement dont l’objectif consiste peut-être simplement à nous émerveiller de nos interactions.
Vous venez d’annoncer votre départ. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Yoann bourgeois : Nous travaillons actuellement avec mon équipe sur un projet de structure un peu fou et totalement inédit, issu d’un rêve formulé il y a quelques années. Je me suis toujours appuyé sur mes rêves pour avancer. Alors, souhaitez-moi de continuer à rêver !
Propos recueillis d’Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Le Grand Rassemblement – Ccn2 de Grenoble
Du 25 au 26 juin 2022
Manifestation gratuite sur réservation uniquement
Crédit photos © Allessandro Franceschelli, © Géraldine Aresteanu et © Raphael Stora