À Rennes, au parc du Thabor, le Festival Mythos bat son plein. Sous les chapiteaux, chanteurs, comédiens, metteurs en scène et artistes de tout genre, de tout style, sont venus en nombre célébrer les 25 ans de cette manifestation unique en France consacrée aux arts, à la parole, aux contes contemporains et la bonne chair. Rencontre avec Émilie Audren, co-fondatrice avec Maël Le Goff, de l’événement.
Vous fêtez les 25 ans de Mythos. Comment est né ce projet ?
Émilie Audren : Il est né de l’utopie d’un groupe d’étudiants autour de Mael Le Goff et de moi-même pour faire connaître la parole des conteurs contemporains, méconnus du grand public.
Quel est son ADN ? A-t-il changé au cours des années ?
Émilie Audren : « l’esprit Mythos » c’est ce mélange « Théâtre Récit Musique Convivialité » qui a évolué dans sa forme mais qui a gardé sa singularité depuis 25 ans en faisant se croiser les publics et les artistes d’univers différents.
Comment avez-vous vu évoluer les spectacles et votre programmation au fil des ans ?
Émilie Audren : Fer de lance d’une discipline aussi fragile que millénaire, le festival rennais des arts de la parole aura, depuis la fin des années 90, exploré les moindres recoins de la parole contemporaine, sans jamais renier les formes traditionnelles de récit qui donnent toute leur puissance aux histoires d’aujourd’hui.
Depuis plus de 20 ans, les raconteurs d’histoires ont évolué, changé de forme, de répertoire, de couleur… Ces néo-conteurs sont plus proches de l’écriture de plateau, des histoires de société́, des récits de vie… Leurs histoires sont nos histoires, elles n’en restent pas moins puissantes et touchantes, drôles et pleines de sens. Elles résonnent plus que jamais, peut-être avec une société́ qui cherche à reformer le cercle, à rassembler pour renouer le lien qui donne du sens. Qu’ils se nomment Mohamed El Khatib, Ascanio Celestini, Adèle Zouane, Emmanuel Meirieu, David Gauchard ou Nicolas Bonneau… ils portent tous la volonté́ farouche de dire le monde et ses tourments, de raconter encore et encore pour que les histoires circulent et se transmettent.
Plus de 20 ans à inventer, à chercher, à ouvrir des portes, à questionner, à revendiquer… Pour que se poursuive l’aventure d’un festival singulier. Un projet hybride, multiple, sans frontière et sans dogme, libre et vivant, qui fait le pari de tisser des liens invisibles entre les contes de la création du monde et la scène musicale d’aujourd’hui. Mythos poursuit son travail de sape des idées reçues, sa chasse à l’art maussade, en mêlant théâtre, musique et gastronomie. C’est ainsi que sont nés Les Toqués de Mythos, à l’initiative de quelques chefs passionnés qui ont décidé de se regrouper pour proposer une autre aventure culinaire dans le festival.
Sur les 25 ans, quels sont les moments forts, les moments qui vous ont marqué ?
Émilie Audren : Les conteurs avec qui nous avons démarré, Alain Le Goff, Yannick Jaulin, Pépito Matéo, Gérard Potier, la Cie Les femmes à barbe avec ce cabaret mythique, Le cabaret Munchausen ; Les sensations autour du premier spectacle de Mohamed El Khatib ; Les formes atypiques et participatives de la cie flamande Ontroerend Goed, Les présences d’Anne Sylvestre et Michel Legrand ; L’inoubliable Christophe dans le cabaret botanique ; La déchainée et généreuse Beth Dito qui est venue chanter pour 1500 personnes ; Les folles nuits orchestrées et mises en scène par Benoit Gasnier dans les jardins du Thabor ; Les retrouvailles et rencontres enthousiastes des chef.fe.s.
Comment célèbre-t-on 25 ans de programmation ?
Émilie Audren : En continuant à accompagner et défendre des sujets et des artistes indispensables à la liberté d’expression et au partage d’idées. C’est donc un mélange de fidélité avec des artistes qui ont accompagné Mythos depuis longtemps comme Sébastien Barrier, Mohamed El Khatib, Jeanne Cherhal et beaucoup de récentes collaborations comme le Munstrum Théâtre (Lionel Lingelser et Louis Arene avec Les Possédés d’Illfurth), le collectif Bajour et Alexandre Virapin avec Bob et moi et une place importante aux équipes qui se développent, Nicolas Petisoff avec Parpaing, Bert&Nasi avec The end.
Que voulez-vous mettre en avant sur cette édition ?
Émilie Audren : Nous avons souhaité célébrer un moment de retrouvailles plus qu’une édition anniversaire. Après 3 ans d’absence nous sommes allés à la rencontre du public en investissant de nouveaux lieux sur la métropole rennaise avec des propositions intimistes, aussi en extérieur et en entrée libre, sans oublier les propositions plateaux plus ambitieuse avec le collectif Le grand cerf bleu Robins – expérience Sherwood ou Julie Bérès avec La Tendresse, pour enfin retrouver ce lieu magique installé dans les jardins du Thabor avec ses 2 chapiteaux, le cabaret botanique et ses 35 concerts, le cannibale restaurant et ses 70 chefs et les 10 nuits accueillant pas moins de 15 DJ pour clôturer nos soirées.
Quels sont les grands moments de cette édition ?
Émilie Audren : C’est toujours délicat de faire une sélection parmi plus de 70 propositions puisque nous construisons Mythos sous la forme de parcours mais nous sommes sous le charme d’accueillir pour la 1ère fois enfin Keziah Jones et Benjamin Biolay, et 70 chefs pendant 10 jours et surtout de célébrer l’art de raconter des histoires dans 25 lieux de la métropole rennaise et au-delà, en faisant frissonner nos oreilles et nos corps pendant 10 jours.
Que peut-on vous souhaiter pour les 25 prochaines années ?
Émilie Audren : Autant de passion et d’envie pour dire le monde, continuer à faire vivre des émotions et partager la vie avec les artistes, le public et toutes les équipes qui contribuent à créer ces moments précieux et libres !
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Festival Mythos – 25e Édition
Parc du Thabor
Rennes
Crédit portrait © Élodie Le Gall
Crédit photos © Nico M, © Yohanne Lamoulère, © Thomas Dhanens, © Axelle de Russe et © DR