L’action se passe en Yougoslavie, enfin ce qui reste de l’ancienne république fédérative socialiste, le premier jour de paix d’une guerre terrifiante qui fit plus de 140 000 morts. Nous sommes dans un orphelinat de fortune, autogéré par les enfants eux-mêmes. Les souvenirs se déroulent en flash-back. Ces mendiants, ces chapardeurs, ces survivants, que vont-ils faire de cet avenir, de cet espoir, qui se dessine, eux qui ont tout perdu et assisté à tant d’horreur ? Vont-ils savoir faire confiance à l’humanité ? Vont-ils pouvoir devenir des adultes heureux ?
Un texte fort
Fabrice Melquiot nous plonge au cœur même de cette absurdité qui n’épargne personne. Ce texte est un de ses meilleurs, par sa construction et la musicalité de son écriture. En choisissant de s’inspirer de la guerre fratricide qui a déchiré l’ex-Yougoslavie, le dramaturge a pu explorer la brutalité des hommes. Et pour la faire encore plus entendre, il a choisi d’offrir la parole à des enfants.
L’adulte est absent ou ennemi. Si dans le film de Chaplin, The Kid, c’est la crise qui a jeté le môme à la rue, ici c’est la guerre qui a fait de ces enfants des sans famille. Chacun a son histoire, ses morts, ses fantômes, ses terreurs, ses rêves. Ils sont abîmés, voire complètement fracassés, par la vie. Entre deux tirs de sniper, ils ont joué à une Guerre des boutons bien trop réelle. Ce ne sont que des enfants, même si l’adolescence pointe son nez, les entraînant, comme cette paix annoncée, vers d’autres horizons.
La fureur de vivre
Avec cette œuvre, l’auteur offre au metteur en scène la possibilité de mettre en place un « jeu théâtral » formidable. François Ha Van a su s’emparer de ce texte exigeant et faire battre les cœurs. Il y a du rythme, de l’action, de l’émotion, de la tendresse, du rire et de la musique. Nous sommes pris dans un tourbillon, accrochés à ses âmes en peine qui ne demandaient qu’à vivre leur enfance dans la joie et les rires.
C’est nerveux et vif, comme la jeunesse. Avec ce texte, on ne peut pas tricher, il faut vraiment que les personnages soient incarnés par de tout jeunes comédiens qui insufflent l’ardeur et les fragilités qui siéent à l’enfance. Dans un esprit de troupe et une cohésion parfaite, déployant une énergie vivifiante, Nathan Dugay, Montaine Fregeai, Axel Godard, Yann Guchereau, Hoël Le Corre, Sylvain Le Ferrec, Lara Melchiori et Manon Préterre, s’emparent du texte avec ferveur. On sort du spectacle bouleversé avec en tête ce cri des poilus en novembre 1918 : plus jamais ça !
Marie-Céline Nivière
Kids de Fabrice Melquiot
La Scala – Salle Piccola
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris.
Durée 1h05.
Festival Off Avignon – La Scala-Provence
3, rue Pourquery de Boisserin 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 à 19h30, relâche les lundis.
Durée 1h05
Festival Avignon Off – La Scala-Provence
3, rue Pourquery de Boisserin 84000 Avignon
Du 7 au 30 juillet 2022 à 20h, relâche les 11, 18, 25 juillet
Studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles 75017 Paris
Du 26 février au 10 mars 2022
Mise en scène de François Ha Van
Avec Nathan Dugay, Montaine Fregeai, Axel Godard, Yann Guchereau, Hoël Le Corre, Sylvain Le Ferrec, Lara Melchiori et Manon Préterre.
Crédits Photos © Nathanne Le Corre