Victoria Sitjà-Six Photos de Vincent Lappartient @Studio j’adore ce que vous faites

Victoria Sitjà-Six, jeune recrue de l’académie de l’Opéra

Enfant de la balle, entrée à l'Académie nationale de l'Opéra de Paris en septembre 2021, Victoria Sitjà-Six est une jeune metteure en scène très prometteuse.

Enfant de la balle, entrée à l’Académie nationale de l’Opéra de Paris en septembre 2021, Victoria Sitjà-Six est une jeune metteure en scène très prometteuse. Passionnée de théâtre dès le plus jeune âge, elle se forme au près de Luc Bondy, Déborah Warner, Jean Bellorini ou encore Lev Dodin en Russie et travaille pour Robert Wilson, Bruno Geslin et récemment Alain Françon. Lumineuse, débordante d’énergie, elle prépare actuellement avec ces condisciples chanteurs sur un workshop autour de Lieder allemands en hommage la chorégraphe Pina Bausch. Rencontre.

Académie de l’Opera de Paris - mise en espace de Victoria Sitjà-Six
Photos de Vincent Lappartient @ Studio j’adore ce que vous faites

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
 Arlequin, cherchant une lettre malencontreusement collée sur son derrière. J’ai cinq ans, assise dans les premiers rangs et mon père me suggère de l’aider en criant haut et fort : « en el culo! ». Je me suis exécutée, il m’a regardé, j’ai fondue en larmes et me suis cachée sous mon siège. C’était Arlequin serviteur de deux maÎtres, mis en scène par Giorgio Strehler avec le mythique Ferruccio Soleri.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
D’avoir grandi dans un théâtre, celui de l’Odéon à Paris, d’en connaître toutes les cachettes…

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être metteure en scène  ? 
La distribution du Retour de Harold Pinter mis en scène par Luc Bondy en 2015. C’est en voyant Bruno Gantz, Micha Lescot, Louis Garrel, Jerome Kircher, Pascal Gregory et Emmanuelle Seigner que j’ai su ce que voulais diriger des acteurs et mettre en scène.

Juste la fin du monde - mise en scène de Victoria Sitjà-six
Photos © Nicolas Blandin

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Ivanov mis en scène par Luc Bondy, encore lui, à L’Odéon, encore là. Ce fut ma meilleure école. Certes, mon rôle était sans texte, mais les comédiens côtoyés étaient impressionnants (Marina Hands, Christiane Cohendy, Chantal Neuwirth, Micha Lescot, Ariel Garcia Valdes). Nous avons joué la pièce sur deux saisons dans une scénographie de Richard Peduzzi, avec une équipe technique incroyable… J’ai pu observer et m’essayer au jeu tous les soirs. Je voulais apprendre et Luc Bondy l’avait compris.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je me souviens…  de Gaudeamus de Lev Dodin au TGP, un choc. Et de son Vie et Destin, vu dans son théâtre à Saint Petersbourg…

Lettre au Père mise en scène de Victoria Sitjà-Six
Photos de © Mélissa Boucher

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Toutes ces rencontres professionnelles et personnelles qui m’ont faite et dont je suis tellement reconnaissante. Et les rencontres avec des œuvres : Patrice Chéreau, qui a eu un réel et intense impact dans ma vie, les acteurs du MDT, les opéras de Mozart, l’écriture de Tchekhov, la vie de Charlotte Delbo… 

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Par-delà les souvenirs, le théâtre, c’est ce qui me transcende, donc me rend libre. L’équilibre, c’est le mouvement.

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
La fraternité qui nait du travail, dans toutes ses dimensions. La fièvre d’une salle de répétition… sa liberté. 

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
La salle de spectacle, c’est l’espace dans lequel je suis à ma place, que je sois spectatrice ou metteure en scène.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Drôle de question, devrais-je répondre  « quelque part entre le corps et l’âme, près de cœur » …

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
ll y a tant de metteurs en scène, d’acteurs, de chanteurs, de photographes, de scénographes, de musiciens, de créateurs lumière, de régisseurs plateau avec qui je rêve de travailler et surtout que je rêve de découvrir… On ne travaille jamais seul, et on a besoin de s’entourer des plus inspirants pour prétendre à offrir une œuvre.

Les Trois Soeurs - Mise en scène de Victoria Sitjà-Six © DR

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Tous les projets sont un peu fous au moment où l’on y travaille. J’aime à m’imaginer une trilogie à la Ivo Van Hove comme Les Tragédies romaines ou, qui sait, Un opéra au sommet d’une montagne un soir brumeux d’hiver…

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
La Standchen de Schubert transcrit pour piano par Liszt , interprétée par Horowitz. Une longue histoire…

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Crédit portrait © Vincent Lappartient
Crédit photos © Vincent Lappartient, © Nicolas Blandin, © Mélissa Boucher & © DR

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