Rencontre avec une illuminée (Non, vous ne verrez pas "Les Performants") de François de Brauer © Christophe Raynaud de Lage

Portrait jouissif d’un non-croyant

Au théâtre 13, François de Brauer explore, dans Rencontre avec une illuminée, ses névroses et ses angoisses existentielles.

Au théâtre 13, François de Brauer explore, dans Rencontre avec une illuminée, ses névroses et ses angoisses existentielles. Avec humour et autodérision, questionnant croyance et mysticisme, il signe, en creux de cet hilarant autoportrait, une ode ciselée, folle, à sa grande amie, Estelle Meyer. 

Formant un demi-cercle lumineux, des bougies, posées à même le sol, servent d’unique décor et invitent le spectateur à la méditation. Au loin, une porte grince. Simon (épatant François de Brauer) entre en scène. Jeune comédien, un brin névrosé, il rêve d’écrire son propre spectacle, faire théâtre de sa vie. Plutôt doué, c’est en tout cas, ce qui se dit dans sa famille, il se cherche, angoisse, se noie dans un océan de doutes. 

En manque de foi  

Rencontre avec une illuminée (Non, vous ne verrez pas "Les Performants") de François de Brauer © Christophe Raynaud de Lage

Son grand-père maternel vient de mourir. Bien qu’il ne l’ai jamais connu, sa tante Catherine, aimerait bien qu’il dise un texte à l’enterrement. En soi, rien d’extraordinaire, après tout, c’est son métier de déclamer, de donner vie aux mots. Petit détail, l’extrait qu’on lui propose de lire, à des connotations religieuses. Non-croyant dans une famille catholique pratiquante, il se sent illégitime. Commence alors pour le jeune homme une errance réflective où s’entremêlent savoureusement souvenirs – son dernier séjour chez les scouts, un petit bijou d’irréligiosité – , incertitudes, désarrois et anxiétés. 

Rencontre avec une fée

Très vite, Simon se perd dans des rêves éveillés, où s’invitent un Jésus wesh wesh , la dépouille dansante de de son aïeul, et bien d’autres apparitions tout aussi farfelues. À côté de ses pompes, incapable d’écrire une ligne, en pleine crise de couple et de masculinité, le comédien fait la connaissance de Stella, une sorte d’ange, d’être illuminé qui va lui ouvrir les portes d’un monde décalé, surréaliste et mystique. S’adonnant à des cérémonies purificatrices, à des rituels païens, le jeune homme va, en quelques mois, se révéler à lui-même, faire la paix avec ses peurs, ses fantômes et écrire un sacré seul-en-scène tendre, drôle et follement humain. 

Une aventure démentielle 

Rencontre avec une illuminée (Non, vous ne verrez pas "Les Performants") de François de Brauer © Christophe Raynaud de Lage

Grand, dégingandé, en tee-shirt et jean, François de Bauer se met à nu avec pudeur et fantaisie dans cet auto-portrait fictionnel. Comme il le dit en préambule, Rencontre avec une illuminée n’est absolument pas le spectacle que l’on aurait dû voir. Trois semaines avant la première, il a décidé, épaulé artistiquement par son autre ange gardien, Louis Arene, de tout changer, de tout réécrire, de raconter une autre histoire, plus intime, plus personnelle. Bien lui en a pris. 

Autodérision à tous les étages

Plume caustique, mordante, mais jamais méchante, il esquisse un pastiche de sa vie, se moque gentiment du milieu artistique, dont il fait partie,  et rend hommage avec un humour ravageur à cette fabuleuse et fascinante artiste, qu’est Estelle Meyer. Pour ceux qui la connaisse tout sonne parfaitement juste, pour les autres, ils vont avoir l’envie irrépressible d’entrer dans le cercle de cette prêtresse loufdingue, profondément généreuse, de se faire purifier à l’encens par ses soins, d’entrer grâce à elle dans une autre dimension entre fantasme, folie et réalité bienveillante. 

Courrez, volez, entrez dans cette folle farandole orchestrée avec malice par le délicieux François de BauerRencontre avec une illuminée est le petit bijou surréaliste et exquis de cette rentrée hivernale !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Rencontre avec une illuminée (Non, vous ne verrez pas « Les Performants ») de François de Brauer
Théâtre 13 – Bibliothèque
30 rue du Chevaleret
75013 Paris
Jusqu’au 21 janvier 2022
Durée 1h20

Écriture et interprétation – François de Brauer 
Collaboration artistique – Louis Arene
Collaboration à l’écriture – Jean-Luc Gaget
Avec la chanson La Gitane d’Estelle Meyer
Lumières de François Menou

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

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