Après le succès estival au théâtre du Roi René dans le cadre du festival d’Avignon le OFF, Le Roi des pâquerettes atterrit en beauté au Lucernaire. Cette épopée sur la traversée de la Manche par Louis Blériot, écrite par Bérangère Gallot et Sophie Nicollas, pilotée par Benoît Lavigne, est menée à grand train par une troupe dynamique.
Sortons tout de suite des clichés, les avions et les histoires d’aviateurs cela ne passionne que les garçons ! Ben non, cela peut aussi interpeller les filles ! La preuve, ce sont deux jeunes femmes, Bérangère Gallot et Sophie Nicollas qui signent cette pièce racontant la folle journée du 25 juillet où Louis Blériot fut le premier homme à survoler la Manche. Aujourd’hui, prendre un avion est une banalité en soi, mais à l’époque, il faut imaginer la nature exceptionnelle de la prouesse. Nous sommes en 1909 ! 102 ans ! Ce n’est pas si loin que cela ! Rappelons que la doyenne de l’humanité, la Japonaise Kane Tanaka, est âgée de 118 ans !
Dans les coulisses d’un exploit
Les deux autrices, fort bien documentées, se sont intéressée à ce qui s’est passé les quelques heures qui ont précédé l’envol du héros. Comment trouve-t-on la force, le courage pour s’apprêter à faire un tel exploit. Sachant que le risque est grand et que la réussite aléatoire. Tout dépendra des conditions météorologiques, de la solidité du matériel. D’autant plus que ce jour-là, Louis Blériot, surnommé souvent à cause de ses nombreuses chutes, le « Roi des pâquerettes » ou « Blériot La casse« , n’est pas au mieux de sa forme ! Ce qui n’est pas le cas de son jeune rival anglais, Hubert Latham, plein de fougue et d’énergie. Et l’on découvre comment, le Français, poussé par sa femme, son mécanicien et un fougueux journaliste, trouvera le courage et la vigueur pour réaliser ce grand bond dans l’histoire de l’aviation et faire avancer le monde moderne.
Une mise en scène au cordeau
La mise en scène de Benoît Lavigne s’attache à retranscrire cette épopée comme une histoire haletante. C’est très vivant, même si tout se passe dans le lieu clos de la chambre de l’hôtel où les Blériot se sont installés. On sent bien la fièvre des grands moments où l’excitation côtoie les doutes et les angoisses. Il inscrit le spectacle dans les couleurs de l’époque, qui font songer aux séries télévisées comme les Brigades du Tigre ou mieux Les Faucheurs de Marguerites ! Et la magie du théâtre fonctionne complètement, lors du récit de la traversée. Juste avec les mots, par la force de l’imaginaire, nous suivons l’exploit comme si nous y étions.
Une belle distribution
Pour les rôles masculins, Benoît Lavigne a eu l’excellente idée de réunir la fine et excellente équipe des comédiens du spectacle, Et si on ne se mentait plus ? Maxence Gaillard (Blériot), Mathieu Rannou (le journaliste), Guillaume D’Harcourt (le mécanicien), Emmanuel Gaury(Latham) sont au diapason dans ce registre héroïque qui les faits passer par de nombreux états d’âme et sentiments. Dans le personnage de Madame Blériot, Lauriane Lacaze incarne avec subtilité une femme moderne, courageuse et aimante. Suspense, intrigue, émotion sont les ingrédients de ce spectacle. Alors osez l’aventure !
Marie-Céline Nivière
Le roi des pâquerettes, le jour où Louis Blériot a traversé la manche de Bérangère Gallot et Sophie Nicollas
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs Paris 6e
Du 20 octobre 2021 au 2 janvier 2022
Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 16h
Durée 1h20
Mise en scène de Benoît Lavigne
Avec Maxence Gaillard, Emmanuel Gaury, Guillaume D’Harcourt, Lauriane Lacaze, Mathieu Rannou
Collaboration artistique de Sophie Mayer
Scénographie d’Angéline Croissant
Costumes de Virginie H
Lumières de Denis Koransky
Musiques de Michel Winogradoff
Crédit photos © Karine Letellier