Evelyne Bouix et Pierre Arditi ont eu l’excellente idée de demander à Salomé Lelouch de leur écrire une pièce. Cela a donné, Fallait pas le dire, une joute verbale, composée de fameuses scènes de la vie conjugale, où la mauvaise foi et la tendresse font bon ménage. C’est formidable.
Salomé Lelouch possède une sacrée plume et un beau sens de l’humour. Elle sait regarder le monde qui nous entoure. Nous la suivons depuis ses premiers pas, et elle ne cesse de nous surprendre. Et c’est tant mieux. Pour cette pièce, elle a tricoté des dialogues vifs et savoureux qui dépeignent bien notre société. À la différence des Vieux amants de Brel, le couple qu’elle présente ne s’est pas enfermé dans le silence. Chez ces gens-là, on communique, on se dit les choses, même s’il ne fallait pas les dire.
Je t’aime… moi non plus
Ils s’aiment depuis longtemps et sont à la tête d’une famille recomposée. D’accord sur rien, ils s’accordent sur tout ! Elle est spontanée, naturelle et le déroute par sa franchise. Il est arrangeant, voir ménageant, pouvant dire le tout et son contraire. Le gâteau dominical de bonne-maman, le changement climatique, la chirurgie esthétique, la politique, le politiquement correcte, la pédophilie, le port du voile, l’avortement, l’homosexualité, la trottinette, le bio, le transgenre, la famille… Tout est sujet à un débat, nourrit et étayé par des désaccords et des réflexions. Ils se chamaillent, se titillent, s’effarent, s’énervent, s’agacent, mais ils s’aiment avant tout.
Duo de choc pour plume ad hoc
Il faut le dire, la partition concocter par Salomé Lelouch possède une musicalité qui sied parfaitement à Evelyne Bouix et Pierre Arditi. Avec le talent qu’on leur connaît, ils se régalent à l’interpréter, et du coup nous rassasient. À leurs attitudes, à la manière dont ils se répondent, se regardent, on sent qu’il y a du vécu dans cette complicité entre les deux personnages. Cela donne une tonalité impayable à leurs échanges. Ils nous font rire, nous émeuvent, nous attendrissent et nous surprennent. Et l’on craque littéralement !
Des metteuses en scène complices
Quant à la mise en scène, cosignée par Salomé Lelouch et sa complice Ludivine de Chastenet, elle est lumineuse et joyeuse. Dans une scénographie faite de panneaux blancs d’où sortent comme par magie meubles et objets, les changements de lieux et d’espace se font avec une belle fluidité. C’est comme un livre d’images dont on tourne les pages. C’est très beau. Bouix et Arditi y sont à leur aise, presque comme à la maison à ton envie de rajouter. Cet excellent spectacle fait du bien au moral et l’on en a bien besoin !
Marie-Céline Nivière
Fallait pas le dire de Salomé Lelouch
Théâtre de la Renaissance
20 bd Saint Martin Paris 10e
DU 24 septembre au 2 janvier 2022.
Reprise du 20 au 31 décembre 2022 à 19h, relâche le 25 déc..
Du mercredi au samedi à 19h, matinée dimanche à 15h
Durée 1h20
Mise en scène de Salomé Lelouch et Ludivine de Chastenet
Assistée par Jessica Berthe
Avec Evelyne Bouix, Pierre Arditi et la participation de Pascal Arnaud
Décor de Natacha Markoff
Lumière de Cyril Hames
Vidéo de Mathias Delfau
Costumes de Ludivine de Chastenet
Crédit photos © Philippe Warrin