Au Studio Marigny, dans Coupable, Richard Anconina fait avec succès ses premiers pas sur une scène théâtrale. Ce thriller, adapté du film danois The Guilty, mis en scène par Jérémie Lippmann avec une forte intensité, nous tient en haleine jusqu’à son dénouement… surprenant.
On attend toujours avec un brin de curiosité les premiers pas au théâtre d’un acteur de cinéma, surtout lorsqu’il est aussi populaire que Richard Anconina. Lorsque j’annonce que j’ai vu le spectacle, la première question que l’on me pose est : Alors, il est comment ? Il est très touchant ! Encore un peu fragile, mais curieusement cela sert au personnage. On pourrait rajouter, il est courageux, car il porte sur ses épaules tout ce spectacle qui tient plus du seul en scène que du choral ! En tout cas, l’acteur de cinéma a trouvé dans ce rôle matière à devenir comédien de théâtre.
Simple plancton
L’action se passe au standard d’un commissariat de police de la région lilloise. Pascal est un flic de terrain qui a été placardé le temps qu’une commission de discipline statue sur son cas. Il est responsable de ce qu’on l’on nomme une bavure et pas une petite ! Rétrogradé en simple planton à ce poste qu’il considère inutile, il ronge son frein et montre peu de zèle à effectuer son travail. Ce soir, plus que jamais car demain, il connaîtra enfin son sort. Entre deux appels de routine, il répond à une femme totalement affolée qui annonce qu’elle a été kidnappée ! Tout seul, armé de son téléphone, il va tenter de résoudre une affaire bien plus complexe qu’il l’imaginait et qui va l’amener à repenser sa manière d’être.
Une adaptation soignée
À la vision du film, on se dit tout de suite qu’il y avait matière à faire de ce huis clos une pièce de théâtre. Camilla Barnes et Bertrand Degrémont en signent une adaptation des plus réussites. Ils ont su garder l’essence même de la montée dramatique comme de la puissance narrative. Sans tomber dans les clichés, le choix de transposer l’intrigue dans la région du Nord donne une force au propos. La mise en scène nerveuse et puissante de Jérémie Lippmann, presque cinématographique, fait que jamais on ne lâche ce qui se passe dedans, mais aussi dehors. Comme pour sa mise en scène de Rouge, il sait visuellement donner le ton. Il a également formidablement su manier les ambiances sonores qui font la force de l’action. Les échanges téléphoniques, réglées au cordeau, entre le policier et les protagonistes de l’histoire fonctionnent très bien !
Troublant Anconina
Sa direction d’acteur est des plus précise et il a dirigé Anconina avec une belle intelligence. Il ne lui a pas demandé d’aller à l’encontre de sa personnalité. C’est un gentil ! Là où le comédien danois jouait sur le registre du flic borderline, Anconina joue sur celui d’un homme à bout de souffle. Cela offre une dimension plus humaine ! Il n’est pas seul sur scène. Gaëlle Voukissa, dans le rôle de la responsable de service qui passe de temps en temps, est tout simplement parfaite. Il ne faudrait pas oublier les nombreux comédiens et comédiennes, dont nous n’avons pas malheureusement les noms, qui ont prêté leur voix et leur talent aux personnages extérieurs. Cet ensemble nous fait vivre un moment intense. Le soir de notre venue, après de longs applaudissements, le public s’est levé pour applaudir à tout rompre ce beau travail et surtout Richard Anconina.
Marie-Céline Nivière
Coupable d’après le film The Guilty de Gustav Möller et Emil Nygaard Albertsen
Studio Marigny
Carré Marigny Paris 8e
Du 31 août au 30 décembre 2021
Du mardi au samedi à 20h, matinées les samedis et dimanches à 16h
Durée 1h20
Adaptation de Camilla Barnes et Bertrand Degrémont
Mise en scène de Jérémie Lippmann Assisté par Alexandra Luciani
Avec Richard Anconina et Gaëlle Voukissa
Scénographie de Jacques Gabel
Création lumière de Nathalie Perrier
Création Sonore d’Adrien Hollocou
Création costumes de Virginie Montel
Vidéo d’Antoine Le Cointe
Crédit photos © Céline Nieszawer
