Badine de Musset. Mise en scène de Salomé Villiers © Cédric Vasnier

Badine, les jeux contrariés de l’amour

Au Théâtre des Gémeaux, Salomé Villiers s’empare d’un des tubes théâtraux de Musset, On ne badine pas avec l’amour.

Au Théâtre des Gémeaux, Salomé Villiers s’empare d’un des tubes théâtraux de Musset, On ne badine pas avec l’amour. Revisitée avec délicatesse et extrême finesse, cette comédie typique du courant romantique nous a mis le cœur en joie.

Pour Salomé Villiers, la pièce de MussetOn ne badine pas avec l’amour, appartient au même titre que Cyrano de Bergerac, aux chefs-d’œuvre du théâtre. On en connaît par cœur la tirade de Perdican ! Et pour certain, la voix de Gérard Philipe y reste attachée. On est à Avignon quand même ! Par sa structure, la pièce n’est pas facile à monter. On avait demandé à Musset une comédie, mais son cœur meurtri, par sa relation complexe avec George Sand, le fit tendre vers le drame, se vengeant ainsi des serments amoureux. La jeune metteuse en scène, qui a déjà adapté Marivaux et Shakespeare, démarre la pièce par la lecture de la sublime lettre que la dame de Nohant envoya à son amant qui sinspira de ses mots pour sa pièce. Cette très belle idée est comme un plein feu qui éclaire ce qui va suivre.

Une mise en scène ciselée
Badine de Musset. Mise en scène de Salomé Villiers © Cédric Vasnier

Avec le talent qu’on lui connaît, Salomé Villiers a fort bien réussi à trouver l’équilibre entre les deux tonalités. Pour la partie légère, elle s’éloigne du ton farcesque de Musset et nous propose le ton et les couleurs de la comédie américaine des années 1950. Ainsi, les personnages du Baron (le désopilant Bernard Malaka), de Dame Pluche (l’émouvante Catherine Cyler) et de Blazius (l’extravagant Adrien Biry-Vincente) gagnent en profondeur. Autre idée remarquable a été d’y ajouter du musical qu’elle concentre sur le personnage de Rosette, cette jeune paysanne sacrifiée. Si les musiques sont des standards des « so fifties » , les paroles sont tirées des œuvres de Musset. Milena Marinelli nous a émerveillée par sa voix, mais surtout pour sa belle interprétation de jeune fille au cœur pur. 

Un détonnant duo d’amoureux
Badine de Musset. Mise en scène de Salomé Villiers © Cédric Vasnier

L’autre bonne idée, et il y en a dans ce spectacle de très belle facture, réside dans le choix que Perdican, sorte de double de Musset, et Camille, ne soient pas interprété par des jeunes premiers qui auraient donc l’âge du rôle. Ce qui en passant, on oublie très vite ! Ils ont la maturité de leur quarantaine. Du coup, ce qui pourrait n’être perçu que comme le caprice de deux êtres prend une résonnance plus terrible. Benjamin Egner, plus proche d’un Montand que d’un Philipe, est un Perdican exceptionnel. Delphine Depardieu, admirable, endosse avec une belle agilité les méandres du cœur de Camille, et ils ne sont pas simples. La scène finale est des plus poignante. 

Marie-Céline Nivière

Badine, d’après On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset
Festival d’Avignon le Off
Théâtre des Gémeaux
10 rue du Vieux Sextier 84000 Avignon
Du 7 au 31 juillet à 14h45, relâche les 12, 19, 26 juillet
Durée 1h30

Adaptation et mise en scène de Salomé Villiers
Assistant mise en scène Alexandre de Schotten
Avec Delphine Depardieu, Benjamin Egner, Catherine Cyler, Milena Marinelli, Adrien Biry Vicente, Bernard Malaka, et la voix de Marjorie Frantz
Scénographie d’Emmanuel Charles
Costumes de Virginie H
Création lumières de Denis Koransky
Création sonore de Xavier Ferri
Arrangements musicaux d’Adrien Biry-Vicente

Crédit photos © Cédric Vasnier

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