Dans le cadre du Magic Wip, fabrique de magie de la Villette qu’il co-dirige avec sa compagnie Phalène, Thierry Collet accompagne magiciens et magiciennes dans toute sorte de projets. Après avoir lancé hier, la quatrième édition, l’artiste multi-disciplinaire répond à quelques-unes de nos questions.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
À cinq ou six ans, le spectacle de marionnettes dans le petit théâtre du jardin du Luxembourg à Paris, qui existe toujours aujourd’hui.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Ma cousine, comédienne, qui m’a montré lorsque j’étais enfant, le tour de la pièce de monnaie qui disparaît lorsqu’on la frotte contre son bras, et qui refusait, avec raison, de m’en donner l’explication.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être magicien ?
Je n’ai pas l’impression d’avoir choisi d’être magicien, ce fut très tôt une évidence que j’explorerai toute ma vie cet art étrange et fascinant.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Adolescent, j’ai commencé par monter des numéros pour participer à des championnats magiques, nationaux et internationaux. Puis le goût de la compétition m’a passé et j’ai fait du Théâtre.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
La mort de Tintagiles de Maeterlinck monté par Claude Régy en 1997. Extraordinaire travail de scénographie et de lumière : les contours des corps des interprètes et d’une grande épée se dissolvaient et se « liquéfiaient » littéralement.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Michel Cerda, Eric Didry, Cédric Orain – metteurs en scène – et Clara Rousseau – directrice du bureau de production Minijy, puis de La Belle Ouvrage – qui m’ont accompagné dans mes créations et qui ont beaucoup contribué à faire évoluer ma conception et ma pratique de la prestidigitation
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
La magie me donne envie de me lever le matin, je n’en suis pas lassé, je pense toujours que je vais apprendre et découvrir de nouvelles choses.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les histoires, les récits, qu’ils soient réels ou inventés.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Mon rapport à la scène est de plus en plus lié à la salle, à la place du public. J’aime beaucoup les dispositifs interactifs et immersifs.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
C’est variable selon les répertoires de magie que j’aborde : les grandes illusions comme La caisse aux épées impliquent le corps dans son ensemble, le mentalisme sollicite la mémoire, l’improvisation, la capacité d’utiliser le langage pour modifier les perceptions que les spectateurs ont de la réalité. Pour certains tours exigeant des manipulations très techniques, la concentration est plus spécifiquement dans les mains et les doigts.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Les marionnettistes me fascinent, même si nous n’avons pas toujours la même façon de travailler, ni le même rapport à l’objet, à la matière et au public. L’Huitre qui Fume et autres Prodiges, cabaret magie et marionnettes où j’ai convié Brice Berthoud de la compagnie Les Anges au Plafond, ainsi que Chloé Cassagnes, répond à cette envie de dialogue entre la magie et les autres arts.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Faire de la magie en apesanteur.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Un « livre dont vous êtes le héros », objet littéraire participatif, entre le récit, le jeu de rôle et l’expérience interactive.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Magic Wip #4
La Vilette
Paris
Crédit portrait © Baptiste Le Quiniou
Crédit photo © Christophe Raynaud de Lage