Ils ne s’aiment plus ! Au bord de la rupture, l’un dort sur le canapé et l’autre dans le lit. Voilà, dit ainsi, cela ressemble à une histoire d’amour qui finit mal ! Sur le canapé, c’est elle et lorsqu’elle ouvre les yeux, elle semble tout étonnée de découvrir son corps ! Alors sa voix intérieure se fait entendre et c’est une voix d’homme. Dans le lit, c’est lui et lorsqu’il ouvre les yeux, il semble tout étonné de découvrir son corps ! Alors sa voix intérieure se fait entendre et c’est une voix de femme ! Elle est devenue lui, il est devenu elle ! Ils vont passer par l’effarement, la panique, puis, bien obligés faire avec. Ils vont apprivoiser ce nouvel état, apprendre à être de l’autre sexe, assimiler comment cela fonctionne, découvrir la perception des autres, appréhender la société différemment. En étant dans la peau de l’autre, ils vont enfin se comprendre, se retrouver et faire la paix.
Une adaptation augmentée
Benjamin Boyer, Marine Montaut et Éric Verdin sont partis du roman, Mari et Femme, de Régis de Sà Moreira, dans lequel seul l’homme avait le droit à la parole ! Pour la scène, ils ont élargi le propos en imaginant ce que la femme pouvait vivre ! Ils ont gardé le style de l’auteur, qui à travers des monologues intérieurs, faisait parler son personnage à la deuxième personne du singulier. Ils y ont rajouté des échanges entre le couple sur les petites choses du quotidien, et des personnages extérieurs. Cela fonctionne très bien. C’est drôle mais également fort poétique !
Une mise en scène rythmée
Tout nous a séduit dans ce spectacle, sa facture, sa conception et son interprétation. La mise en scène d’Éric Verdin est des plus efficaces. C’est rythmé et rempli de trouvailles scéniques. S’appuyant sur la scénographie de Capucine Grou-Radenez, il installe deux espaces, celui de leur monde intérieur et celui de l’extérieur. A nous de nous amuser à en comprendre les codes et à l’accepter très vite. Marine Montaut et Benjamin Boyer incarnent merveilleusement ce changement de corps et d’identité, faisant bien ressentir les vertiges qu’éprouvent leur personnage qui vont se dépasser pour accepter les changements et prendre la vie d’une toute autre manière. Le spectacle, qui n’a rien de mièvre, nous renvoie en reflet, bien des émotions et surtout des questionnements. On en sort avec une pêche d’enfer, ce qui ne fait jamais de mal !
Marie-Céline Nivière
L’un est l’autre de Benjamin Boyer, Marine Montaut, Eric Verdin
Théâtre du Girasole
Festival OFF d’avignon
24bis rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Du 7 au 31 juillet à 18h15, relâches les 12, 19, 26 juillet.
Durée 1h15
Librement inspiré du roman de Regis de Sà Moreira
Mise en scène d’Éric Verdun
Avec Benjamin Boyer et Marine Montaut
Lumières Denis Schlemmer
Scénographie de Capucine Grou-Radenez
Musique de Jean-Baptiste Sabiani
Chorégraphie de Tchavdar Pentechev
Crédit photos © © Sébastien Mathé