Lionel Lingelser © Stéphane Pitti

Lionel Lingelser, artiste à fleur de peau

À l'affiche des Possédés d'Illfurth, Lionel Lingelser sera le 3 juillet a Châtillon avant de sillonner les routes d'Alsace.

À l’affiche des Possédés d’Illfurth, pièce intime et autobiographique écrite par Yann Verburgh, Lionel Lingelser sera le 3 juillet a Châtillon avant de sillonner les routes d’Alsace. Sourire d’ange, silhouette longiligne, musculeuse, le comédien formé au Conservatoire de Paris est d’une rare virtuosité. Sa présence scénique unique, lumineuse, intense fait de lui, l’un des artistes les plus doués de sa génération. Avec son compagnon de jeu, Louis Arene, il est le fondateur du munstrum théâtre, dont la pièce Clownstrum sera présenté courant juillet à Paris l’été.

Les possédés d’Illfurth d’Yann Verburgh en collaboration avec Lionel Lingelser
Munstrum Théâtre
La Filature 
© Jean Louis Fernandez

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Adolescent, mon beau-père m’a fait découvrir le spectacle Kayassine de la compagnie des Arts Sauts. Je me souviens d’entrer dans cet igloo géant, m’allonger sur une chaise longue, mon regard se dirigeait alors vers le ciel du chapiteau gonflé d’air, puis noir salle. À cet instant, le voyage commençait, chacun de mes sens étaient en émoi et je ne souhaitais plus que cela se termine. Hormis l’incroyable virtuosité athlétique des interprètes, ce fût ma véritable première rencontre avec la Poésie.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Le théâtre est entré dans ma vie à l’âge de 10 ans. Je ne sais quelle force m’a poussé à franchir la porte de cette salle d’audition, mais j’ai intégré la troupe du collège et le théâtre restera mon échappatoire pendant toute ma scolarité. Mais est-ce qu’une échappatoire peut devenir un métier ? Le déclencheur fut le fils d’une amie de ma mère, Julien Baumgartner, qui était également mulhousien. Alors que j’étais en terminale et que je devais rapidement décider de mon sort et répondre à la question tant redoutée « que faire de sa vie ?« , Julien tenait le premier rôle dans un film diffusé dans le grand multiplexe de Mulhouse. Pour moi, c’était tout simplement inimaginable de grandir à Mulhouse et de devenir comédien professionnel. Il avait réussi. Tout s’est alors débloqué dans ma tête. Je quittais l’Alsace quelques mois plus tard et entrais aux Cours Florent à Paris.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Musée Haut Musée Bas de Jean-Michel Ribes. J’avais alors 19 ans. La pièce fut un succès et c’était merveilleux de monter chaque soir sur la grande scène du Théâtre du Rond Point avec mes camarades de la Classe Libre. Nous jouions de multiples personnages, silhouettes et foules arpentant ce musée un peu fou. Je me souviens observer Jean Michel dirigeant joyeusement les acteurs, il me faisait beaucoup rire et puis surtout le bonheur d’admirer chaque soir Christian Hecq, Annie Gregorio, Micha Lescot, Emeline Bayart faire hurler de rire le public. 

Les possédés d’Illfurth d’Yann Verburgh en collaboration avec Lionel Lingelser
Munstrum Théâtre
La Filature 
© Jean Louis Fernandez

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Le plus grand coup de cœur de ma vie de spectateur reste Philippe Caubère et sa Danse du diable. Elle vibre en moi chaque fois que je monte sur scène. Mais il y en a tant d’autres ! Des chocs visuels et poétiques grâce au travail de James Thiérrée, Roméo Castelluci, Phia Ménard des chocs scéniques avec Dimitris Papaioannou, des chocs dramaturgiques avec Joel Pommerat, Alain Francon, Olivier Py ! je pense aussi à des équipes bouleversantes telles que la troupe de Lev Dodin, les danseurs de la trilogie de Dave Saint-Pierre et le musical Billy Eliott que j’ai vu à Londres ! Deux mots viendraient qualifier ces œuvres : « art total » . Quelle exhalation de voir se déployer dans une salle sombre, la beauté et la cruauté du monde, sa poésie. Cependant point d’ingrédients hasardeux ; l’exigence folle, le savoir faire, l’intuition géniale, l’ingénierie et l’imaginaire généreux et palpitant connecté à son cœur d’enfant ! Dans ces moments-là, mon corps ne m’appartient plus, je quitte la réalité et tous mes sens vibrent et se connectent à l’énergie de la scène, au mystère. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
En sortant du Conservatoire National de Paris, j’ai rencontré Omar Porras. Ce fut la plus forte expérience de ma vie d’acteur et a largement déterminé l’artiste et le chef de troupe que je suis aujourd’hui. Cependant, ma plus belle rencontre théâtrale et personnelle demeure avec Louis Arene avec qui j’ai créé le Munstrum Théâtre. Louis est un grand Artiste, je l’admire infiniment. Dans cette famille Munstrum, nous avons réuni nos plus belles rencontres artistiques et nous en sommes très fiers.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
C’est un métier de passion et d’amour. Ces deux ingrédients sont essentiels à ma vie. L’artiste et l’homme que je suis ne font qu’un, il est impossible de les dissocier. Ce métier m’offre des moyens d’expression et de communication extraordinaires, des aventures humaines rares. Il est le bastion où je peux m’évader, rêver, douter, me questionner, où la vérité n’existe pas…c’est mon rempart à la folie de ce monde !

Lionel Lingelser et Yann Verburgh en plein travail © Louis Arene

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Pour moi la scène, c’est le lieu du rituel, de la transcendance, où l’artiste fait le lien entre la terre et le ciel et où il peut révéler sa véritable nature d’être et ainsi révéler son semblable. Je vois la scène, comme un espace païen, mystique et sacré. Un lieu de l’impossible où tout devient possible.

A quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Mon appétit pour le théâtre physique et mon passé de sportif me ferait dire : de mes muscles ! Ils me permettent d’aller au-delà de moi-même et de chercher la virtuosité. Mais le vrai centre chez moi, celui qui dicte et désir, c’est le maître cœur. C’est lui qui guide le navire et m’amène vers les projets qui sont justes pour moi.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Les premiers noms qui me viennent sont des chorégraphes…Dimitris Papaionnaou, Crystal Pite (sans doute un rêve enfoui d’être danseur). Au théâtre, je rêverai de travailler avec Ivon von Hove.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
La première qui me vient est une peinture : l’Astronome de Vermeer…Va savoir pourquoi ?

Olivier Frégaville-Gratian D’Amore

Les possédés d’Illfurth d’Yann Verburgh en collaboration avec Lionel Lingelser
Munstrum Théâtre
La Filature

Les possédés d’Illfurth d’Yann Verburgh en collaboration avec Lionel Lingelser
Munstrum Théâtre
Création à huis clos au festival Momix
Espace Tival 
Kingerheim
Durée 1h15 environ

Tournée
Lundi 1er février 2021 – Représentation au Lycée Stoessel dans le cadre du Festival Momix
3 juillet 2021, Châtillon, représentation à 22h parc des Sarments, Châtillon
Dans le cadre de La Filature nomade : 
Du 23 juin au 10 juillet 2021 au  Festival Scènes de rue, Mulhouse 
 

5 au 8 octobre 2021, 4 représentations à la Filature (salle modulable)
19 & 20 novembre 2021, 2 représentations à l’ECAM, Le Kremlin-Bicêtre 
23 et 24 novembre 2021 à 20h, 2 représentations au Théâtre du Fil de l’Eau à Pantin
5 avril 2022, 1 représentation à l’Eclat, Pont-Audemer (Normandie)
7 au 9 avril 2022, 3 représentations au Festival Mythos, Théâtre de l’Aire libre, Rennes
12 au 23 avril 2022, 11 représentations au Monfort – a priori, à préciser
Juillet 2022 : La Manufacture, Avignon off (intramuros) – confirmé, créneau et horaire à préciser
24 et 25 novembre 2022 : Espace BMK, Metz

Mise en scène et interprétation Lionel Lingelser
Collaboration artistique de Louis Arene
Création lumière de Victor Arancio 
Création sonore de Claudius Pan
Régie de Ludovic Enderlen 

Crédit photos © Stéphane Pitti, © Jean Louis Fernandez et © Louis Arene

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