À moins d’une semaine de l’ouverture de la Biennale de la Danse à Lyon, Yuval Pick répète, avec ses danseurs, Vocabulary of need, pièce créée en janvier 2020 au Théâtre – Scène Nationale de Saint-Nazaire, juste avant le confinement et qu’il présente les 3 et 4 juin prochains, à la Maison de la danse. Directeur, depuis 2011, du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, à quelques encablures de la capitale des Gaules, le chorégraphe signe un spectacle total où gestes et notes de Bach se conjuguent poétiquement, magistralement pour donner vie à la Partita N°2 de Bach.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Un concert du musicien brésilien João Gilberto à l’âge de 6 ans.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
J’ai commencé à danser très tôt. Sans passer par des cours de danse, j’ai exploré la danse de manière très personnelle, une nécessité primaire.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être chorégraphe ?
Ma première intuition d’expressivité est de danser. J’ai donc appris à lire le monde par ce biais. J’ai choisi d’être chorégraphe pour répondre à mon besoin d’appréhender le monde et le rapport à l’autre à travers la danse et ses mouvements.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Il s’agit du spectacle que j’ai créé avec mes voisins à l’âge de 10 ans pour tous les habitants du quartier, dans ma ville natale, Petah-Tikva. À ce moment-là, j’avais le sentiment d’être enfin en phase avec les autres et avec moi-même.
Quel est votre plus grand coup de cœur scénique ?
Le spectacle Einstein on the Beach par Bob Wilson et Philip Glass en 1976.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
La rencontre avec les danseurs de ma compagnie au sein du CCN de Rillieux-la-Pape.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Il me permet d’affiner mon rapport à l’autre.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Trois choses : la nécessité de révéler notre dimension multiple, la musique et sa manière de traduire le monde et enfin, le mouvement de la nature.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Pour moi, la scène, c’est une boîte à magie, qui permet de révéler le « manifeste de vie » de chacun et de nous tous.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans mes trois cerveaux : mon cœur, mon ventre et ma tête.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Le compositeur américain Morton Feldman, la chanteuse et musicienne, membre de Sonic Youth, Kim Gordon et la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
L’invention d’un lieu de vie pour les artistes et les publics de tous âges.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Une œuvre évolutive et interchangeable, qui peut disparaître et apparaître quand elle en a besoin.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Vocabulary of need de Yuval Pick – CCN de Rillieux-la-Pape
Première en janvier 2020 au Théâtre – Scène Nationale de Saint-Nazaire
Représentation les 3 et 4 juin 2021 dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon.
Crédit photos © Sébastien Enome