Découvert en 2019, à Limoges aux Francophonies, des écritures à la scène, lors d’un concert vivifiant, étourdissant donné par son groupe électro N3rdistan, Walid Ben Selim conjugue fougueusement, habilement, musique éléctro et mots des grands penseurs arabes. En attendant de reprendre la route des tournées, le musicien se ressource au Maroc, imaginant quelques futures mélodies et des projets à venir. Le flow dans le sang, il continue à nous envoûter de sa présence lumineuse, de ses chants mystiques.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
J’avais 5 ans et c’était la fête des mères, j’accompagnais la mienne comme tout enfant accroché à la robe de sa maman. Nous entrons dans une salle où un orchestre joue de la musique classique arabe, j’étais subjugué par tant d’instruments, et je revois encore ma mère se diriger vers l’orchestre et leur demander si son petit enfant tout frêle peut chanter, elle connaissait mon amour de la musique, si ce n’est pas elle qui me l’a transmis… je la vois me faire signe de venir monter, c’était ma première scène et j’ai chanté » احن الى خبز امي » du grand Marcel Khalife et du grand Mahmoud Darwich. ?
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
C’était ce même jour, quand j’ai vu la réaction des gens quand j’ai fini de chanter, des gens émus. Je me disais que c’était beau et que les gens étaient gentilles avec moi, quand je suis sur scène. Donc je continue ! ?
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être musicien ?
« Je n’ai eu aucun rôle dans le poème, si ce n’est d’obtempérer à sa cadence, son mouvement des sens. Je n’ai aucun rôle dans le poème, sauf quand l’inspiration se tarit. Et l’inspiration, c’est la chance du talent si tu t’acharnes ! » dit Darwish.
Je ne sais pas si j’ai choisi !
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Le premier vrai spectacle auquel j’ai participé, c’était avec mon groupe de rap à l’adolescence. Nous avions 13 ans sur scène et une foule de jeunes devant nous. Un seul micro pour 3 et un mélange entre rage et stress dans le ventre. Nous avons commencé à rapper et le public nous acceptait et criait de plus en plus fort avec nous. C’était beau et effrayant à la fois !
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
J’en ai plein, je dirai : Brel à l’Olympia en 1966, pour moi, c’est une des meilleures prestations scéniques de tous les temps.
Amon Tobin, Isam à Barcelone pour le mapping exceptionnel que son équipe fait.
Et tous les autres que je n’ai pas encore vu ❤️
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
La rencontre avec le public au moment d’entrer en scène, act 1 !
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
» Sans la musique MA vie serait une erreur » ?
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout. La nature, les étoiles, l’acharnement, les rencontres, le scrolling sur les réseaux, les vidéos filmées à la verticale sans aucun respect pour le 7ème art, sentir les épices, la possibilité d’un ciel bleu quand il fait gris, un rossignol qui chante la nuit, mes échecs, mes réussites, mâcher des fruits ou des légumes, les bruits dans les rues, toutes celles et ceux qui m’ont légué leurs arts, un regard sur l’autre, sur tous !
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
L’ordre de l’exigence, et du besoin, et du partage !
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Partout, et même par-delà !
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
J’ai toujours rêvé de travailler avec des sculpteurs ou des danseurs !
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Écrire un Opéra en arabe, mais ce n’est pas si fou que ça, j’y pense de plus en plus sérieusement. ?
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Les enchanteurs de Romain Gary
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
N3rdistan de N3rdistan
Album disponible sur toutes les plateformes de distribution numérique de musique
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Crédit photos © Amélie Amilhau, © Walid Ben Selim et © P. Amouroux