Mercredi 31 mars, Emmanuel Vacca a tiré sa révérence, à 54 ans, après avoir lutté durant des années contre la maladie. Repose en paix, l’ami auprès des anges que tu connaissais si bien.
Emmanuel Vacca était un artiste exceptionnel. Acteur, auteur, mime, clown et conteur, il avait plus d’une corde à son arc dont il tirait à chacun de ses spectacles des flèches qui nous touchaient au cœur. Sortant des sentiers battus, il nous entraînait dans son univers poétique, drôle et émouvant.Dans la vie, il était aussi lumineux que sur la scène, avec son air de Pierrot lunaire, un regard et un rire qui gardaient une grande part d’enfance. On avait envie de le serrer dans nos bras, pour se faire du bien mais aussi pour le protéger, tant ce petit timide paraissait fragile. J’aimais entendre son rire, déceler son émotion lorsqu’on lui faisait un compliment.
L’histoire d’un souffleur
Notre première rencontre date de la création de Ildedrando Biribo ou un souffle à l’âme. Il racontait l’histoire de ce souffleur que l’on trouva mort dans son trou à l’issue de la première représentation de Cyrano de Bergerac. Une claque ! C’était magique. Dans cette prestation d’une grande inventivité poétique, pleine de générosité, il exposait son amour de la scène mais aussi de la vie. Ce fut son grand succès, qu’il a promené des années durant, pour le bonheur de tous.
Rencontre avec un ange généreux
Mon grand coup de cœur fut incontestablement L’Ami. Spectacle qui me fit passer du rire aux larmes. Je me souviens encore de ma petite sœur et de son bonheur. Elle avait tellement aimé ce spectacle, qui lui avait fait oublier pendant quelques instants les souffrances que lui causaient sa maladie. Si l’au-delà existe, je me dis que lorsqu’elle va le croiser là-haut, elle va lui demander d’interpréter, que pour elle, Célestin, le petit frère de Cupidon. Comme on les a aimés Célestin et Ermogène, ces deux anges envoyés sur terre par Dieu, pour lui rendre compte de sa création ! Ils étaient des anges purs, des anges merveilleux. C’est ainsi que je perçois encore aujourd’hui, Emmanuel.
Un clown de la vie
Et puis, il y a eu Une autre vie, au Ranelagh en 2008. Dans la lignée des Mister Bean, il s’était glissé dans la peau de Victor, ce représentant en chaussettes à coussinets antidérapants qui se débattait avec une vie qu’il n’aimait pas, une femme qui ne l’aimait plus et des soucis se succédant comme une mauvaise pluie. Sa seule bouffée d’air était le petit cours de théâtre amateur où, un soir, en interprétant la mort de Roméo, sa vie va basculer dans l’au-delà. Mais on le sait, il faut passer par le jugement dernier pour savoir si on va en enfer ou au Paradis. Pour Victor le verdict est unanime, il aura le droit à une autre vie ! Là encore, Emmanuel Vacca nous avait promenés entre les rires et les émotions.
Un dernier hommage
C’est par un post Facebook de Vincent Counard, un des Frères Taloche pour qui il signa, de 1997 à 2013, les mises en scène de leur spectacle, que j’ai appris sa disparition. Les hommages de ses anciens élèves de l’école Marceau ont déferlé sur les réseaux, rappelant ainsi qu’il était aussi un professeur remarquable. Son Maître Marcel Marceau peut être fier de lui ! Puis, il y a eu ce coup de fil empreint d’émotion de son amie Nathalie Corré, qui savait combien j’aimais l’artiste et l’homme. Ce jour-là, pour la première fois, Emmanuel Vacca m’a fait verser des larmes pleines de chagrin. Adieu, l’artiste et merci pour tout.
Marie-Céline Nivière
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