Chloé Olivères By Simon Larvaron

Chloé Olivères, comédienne engagée et lumineuse

En attendant d'être en direct sur France Culture le 27 mars prochain, Chloé Olivères nous ouvre son jardin artistique.

Ne pouvant monter sur les planches du Théâtre de la Ville, Chloé Olivères sera dans l’émission Fiction / Samedi noir de Blandine Masson sur France Culture, samedi 27 mars 2021, pour jouer en direct, La Vie invisible de Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan. Avec son collectif les Filles de Simone, la comédienne multiplie les projets féministes. Rencontre solaire avec une artiste profondément humaine.

Chloé Olivères dans la Vie Invisible de Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan © Christophe Raynaud de Lage

Quel est votre premier souvenir d’art vivant?
Je pense que c’est le cirque Pinder, l’été en Bretagne. Je me souviens surtout de l’ambiance et de ma petite soeur terrorisée par les clowns, et aussi des pop corns.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant?
Très tôt, j’ai adoré qu’on m’applaudisse. Je concoctais des spectacles de Noël avec mes cousins et mon grand-père qui aimait se déguiser et je jubilais. 
Je voulais qu’on me regarde. Je disais tout le temps « regardez moi ! regardez moi ! ». Le déclencheur donc c’est une (légère) tendance au narcissisme…Oui bon d’accord j’avoue. 

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?
Petite, vers 7 ans, j’étais vraiment amoureuse de Patrick Swayze. Je me suis usé les yeux devant Dirty DancingGhost et Nord et Sud (un téléfilm M6 sur la guerre de sécession en 12 épisodes dont je peux encore parfaitement chanter le générique). J’imaginais que le seul moyen de le rencontrer « pour de vrai » serait de le rencontrer dans un film, et que ce serait un film d’amour et que par conséquent, nous serions des amoureux. Je confondais fiction et réalité. Pour moi, les acteurs vivaient vraiment ce qu’ils jouaient. J’ai donc décidé d’être comédienne. Je n’ai finalement jamais rencontré Patrick Swayze, et j’essaie de ne pas tomber amoureuse de tous les acteurs que je croise sur un plateau. 

Les filles de Simone déboulonnent les théories sexistes de Freud © Giovanni Cittadini Cesi

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Le Monstre Poilu! d’Henriette Bichonnier et Pef. J’avais 8 ans. C’était le spectacle du centre aéré et je faisais la princesse qui fait exploser le monstre en lui montrant ses fesses (si si). 
C’était dans une grande salle de spectacle, il y avait du monde, j’étais un peu en transe.
Génial.

Votre plus grand coup de coeur scénique ?
Il y en a plusieurs évidemment. Mais le plus récent, c’est Sopro, de Tiago Rodrigues. C’est d’une beauté ! C’est bouleversant, délicat, singulier, complexe sans en avoir l’air. Dans son théâtre, tout est réel et tout est fiction, en même temps. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Il y a eu Catherine Hirsch, qui m’a préparée au concours du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. C’est une excellente coach, et elle m’a portée, m’a donné confiance dans le travail. Il y a Claire Fretel et Tiphaine Gentilleau, avec qui j’ai fondé les Filles de Simone. On est comme une hydre à trois têtes qui regardent dans la même direction. Et Lorraine de Sagazan, que j’admire et avec qui j’ai la chance de travailler. 

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
J’ai besoin d’aventures, et faire ce métier c’est l’assurance d’une dose (minimum) d’aventures. Et j’aime travailler beaucoup, réfléchir, imaginer, inventer des trucs, me « concocter » avec Claire et Tiphaine. Je m’ennuierai trop si je ne faisais pas ça comme ça. En général, je ne suis pas très forte en contemplation, à part en Grèce à une terrasse de café au bord d’une plage deux semaines au mois d’août (dans le monde d’avant).

Chloé Olivères dans L’absence de père de Lorraine de Sagazan © Pascal Victor

Qu’est ce qui vous inspire ?
Le féminisme, mes névroses, mes amies (principalement).

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
En général ambivalent : j’adore, mais ça me fait peur. Et en ce moment, je suis frustrée. De ne pas être sur scène (je devais jouer ces jours-ci La Vie Invisible de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix à l’Espace Pierre Cardin), et aussi beaucoup de ne pas voir les autres dessus. Là, j’ai une envie gloutonne de voir des spectacles. Comme quand on est au régime et qu’on rêve de sneakers.

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez vous votre désir de faire votre métier ?
Dans la tête.

Avec quels autres artistes aimeriez vous travailler ?
Ahahah… Alors : petite commande au père noël (liste non-exhaustive) : Tiago Rodrigues, David Geselson, Chloé Brugnon, Benjamin Lazar, Elsa Granat, Liv Strömkvist, Sophie Calle, Blanche Gardin, Crystal Pite…

À quel projet fou aimeriez vous participer ?
N’importe quel spectacle dans un théâtre devant des spectateur.ices en chair et en os. (Avec le bar du théâtre ouvert pour boire des coups après la représentation).

Si votre vie était une œuvre, qu’elle serait-elle ?
Un film d’Agnès Varda.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

La vie Invisible de Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan
La Comédie de Valence

En direct sur France Culture le 27 mars 2021

L’absence de père de Lorraine de Sagazan, librement adapté de la pièce Platonov d’Anton Tchekhov
MC93

Les secrets d’un gainage efficace, création collective par les Filles de Simone
Théâtre du Rond-Point

Crédit photo © Simon Larvaron, © Christophe Raynaud de Lage, © Giovanni Cittadini Cesi, © Pascal Victor

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