Jean-Aloïs Belbachir. © Nathalie Richard - Efficius

Jean-Aloïs Belbachir, acteur solaire

Découvert lors des répétitions d'Ivres de Viripaev, aux Célestins-Théâtre de Lyon, Jean-Aloïs Belbachir prépare la reprise au Quai-Angers.

Découvert lors des répétitions d’Ivres d’Ivan Viripaev, sous la direction d’Ambre Kahan, aux Célestins-Théâtre de Lyon en novembre dernier, Jean-Aloïs Belbachir est un enfant de la balle. Comédien à la présence ténébreuse autant que lumineuse, il s’est formé à l’Académie internationale des arts du Spectacle à Versailles, mais aussi auprès de metteur en scène comme Lilo Baur. Rencontre avec un artiste à suivre.

Jean-Aloïs Belbachir et Monica Budde. Ivres de Viripaev. mise en scène d'Ambre Kahan. Célestins-Théâtre de Lyon. © OFGDA

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Ma première rencontre avec l’art vivant a eu lieu avant que j’aie été en capacité de me souvenir de quoi que ce soit. Je venais de naître. Ma mère (Monica Budde) était l’assistante et traductrice de Matthias Langhoff et mon père (Ahmed Belbachir) jouait Edmond dans son Roi Lear qui tournait en 85- 86. Trois fées se sont alors penchées sur mon berceau, dans les coulisses. Denis Lavant, Serge Merlin et François Chattot. Vu la tête des fées, ça a laissé des traces… 

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Les larmes de mon père quand je lui ai annoncé que je voulais devenir chaman.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ? 
Après avoir découvert puis renoncé à la seule vocation que mon père désapprouvait, j’ai opté pour la reprise du flambeau. Le travail dramaturgique m’a toujours passionné. La poétique aussi. C’est pour cela que je me suis peu à peu mis à écrire. Je n’ai pas vraiment la sensation d’avoir choisi d’être acteur.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Un Chapeau de Paille d’Italie d’Eugène Labiche. On l’a monté en dernière année de Gymnase – l’équivalent de la terminale en France (oui, j’ai fait ma scolarité en Suisse) – avec les cours facultatifs de théâtre. Je garde le souvenir d’un trac indomptable, de la jambe qui tremble toute seule et qui n’en fait qu’à sa tête, du rire du public qui vous contamine et auquel il est si dur de résister.

Jean-Aloïs Belbachir sans Histoire Mondiale de ton âme - Le truc. cie Philippe Delaigue © Dorothée Thébert

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Un spectacle de François Bourcier, Lettres de Délation. Le texte de ce seul-en-scène était composé uniquement de lettres dénonçant des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le spectacle se terminait avec une lettre de dénonciation datée de 2008 envoyée à la Mairie de St-Mandé. J’étais tellement anéanti au moment des saluts que je n’ai même pas eu la force d’applaudir

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Ambre Kahan, Hervé Blanc, Armando Llamas, Dominique Catton, Baptiste Dorsaz, Serge Merlin…

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Il me pousse à sortir de ma zone de confort. Ça, c’est essentiel. Mais à y réfléchir, je ne sais pas si je suis très équilibré !

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Mes filles, les nouvelles technologies, les arbres, la peinture, les faits divers, la musique, conduire, glisser, la danse, le travail des autres…

Jean-Aloïs Belbachir face à son père dans No body is god de Philippe Macasdar & Ahmed Belbachir. © Isabelle Meister

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Évident.
Conflictuel.

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
La poitrine et les mains.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
On peut se permettre de rêver… Un peu ? Si oui alors, Jacques Weber… Parce que Jacques Weber… Valérie Dréville pour des raisons tout aussi évidentes. Agnès Jaoui, Abd Al Malik, Reda Kateb, Yasmina Reza, Camille Cottin, Angela Richter, Cyril Teste, Jean Bellorini, Thomas Jolly, Sophie Cattani, Isabelle Caillat, Nicolas Kerszenbaum, Etienne Gaudillère, Dorian Rossel, Duncan Evennou, Julien Gosselin, Aïda Asgharzadeh, Adama Diop, Christoph Marthaler, Maïwenn, Audrey Bonnet, D’de Kabal, Denis Lavant, Alice Belaïdi, Sacha Maffli, Mexianu Medenou, Florian Choquart, Olivier Martin-Salvan… Je pourrais continuer comme ça encore un moment…

A quel projet fou aimeriez-vous participé ? 
Un projet qui réunirait Cypress Hill, Julie Fuchs et Peter Gabriel, dans une scénographie de Banksy à la Teufel’s Berg à Berlin, avec des textes de Kate Tempest, Henry Michaux, Shakespeare, Jesus et Rilke.

Si votre vie était une œuvre, qu’elle serait-elle ? 
Le tableau Snow Storm – Steam-Boat off a Harbour’s Mouth de William Turner.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Ivres d’Ivan Viripaev, mise en scène d’Ambre Kahan
Célestins – Théâtre de Lyon

Crédit photos © Nathalie Richard – Efficus, © OFGDA, © Dorothée Thébert et © Isabelle Meister

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