Actrice populaire qui a débuté au théâtre dans les années 1960, Caroline Cellier est partie rejoindre son Zèbre de mari au paradis des artistes. De Vadim à Lelouch, en passant par Sagan, Cabrol ou Molina, la comédienne, qui a succombé suite à une longue maladie mardi 15 décembre 2020, a tourné avec les plus grands. Une belle vie d’artiste.
Auréolée du César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1985 pour L’Année des méduses, film réalisé par Christopher Frank, Caroline Cellier a marqué le cinéma par son élégance, sa présence lumineuse, ses interprétations habitées. Bouleversante, humaine, drôle, décalée, c’est dans l’œil de son mari, l’extraordinaire Jean Poiret, disparu trop tôt d’une crise cardiaque, qu’elle est magnifiée. Dans une troublante et ultime déclaration d’amour, le comédien et réalisateur adapte en 1992 sur grand écran Le Zèbre d’Alexandre Jardin et offre le rôle principal à celle qui partage sa vie depuis 1965 et est abonnée au second rôle.
Un soutif et du persil
Comment oublier cette image à jamais graver dans notre mémoire, de Caroline Cellier en soutien-gorge blanc, persil dans le nez, tentant le tout pour le tout pour être remarquer par son mari (Thierry Lhermitte) et ses enfants. Impossible, elle est magistrale. Touchante, drôle, elle est le jouet des idées fantasques de son époux, qui pour éviter la routine dans le couple, décide pour ranimer la flamme de la passion de se faire, passer pour un amoureux secret.
Le théâtre son premier amour
Connue du grand public pour ses rôles au cinéma, notamment dans La vie, l’amour, la mort de Lelouch, Que la bête meure de Cabrol, Farinelli de Corbiau, Mille milliards de dollars d’Henri Verneuil ou Didier de Chabat, Caroline Cellier est avant tout une comédienne de théâtre, sa première grande passion. Entrée au cours de René Simon en 1963, la comédienne, née en 1945 à Montpellier dans une famille modeste, monte pour la première fois sur scène sous la direction de René Dupuy, l’année d’après. Elle joue, au théâtre Gramont, disparu depuis, dans On ne peut jamais dire du dramaturge irlandais George Bernard Shaw. De René de Obaldia à Marivaux, de Colette à Shakespeare, en passant par Pinter, elle enchaîne tranquillement les rôles, partageant son temps entre télé, ciné et planches.
La consécration
Après avoir interprété la Marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos adapté avec plus ou moins de bonheur par Christopher Hampton en 1988, au théâtre Édouard VII, Caroline Cellier marque les esprits et touche juste en campant une incandescente Blanche dans un Tramway nommé Désir de Tennessee Williams, mis en scène par Philippe Adrien. Sa prestation, lui vaut d’ailleurs d’être nominée pour le Molière de la meilleure comédienne. Ce sera son avant dernier rôle sur les planches.
Une mort avant la nuit
Hier à 20h00, la comédienne s’est éteinte à 75 ans des suites d’une longue maladie. C’est par ces beaux mots que son fils, l’auteur et scénariste Nicolas Poiret, l’a annoncé sur les réseaux sociaux, « Aujourd’hui, on se quitte pour quelques minutes, mais tu auras été et tu resteras éternellement ma force, mes fous rires, mes angoisses, ma dérision, mes coups de sang, ma chevalière des injustices, ma détectrice d’hypocrisie, ma lune, ma Moune, ma mère, ma bataille ! »
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
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