Aux Francophonies, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux présentent leur dernière création, Akzak. Au plateau, douze danseurs venus de France, de Tunisie, du Maroc et du Burkina Faso, accompagnés du compositeur Xavier Desandre Navarre, confrontent leur individualité pour mieux retrouver la force extraordinaire du groupe.
Un vent glacé souffle dans les rues de Limoges. Le soleil intermittent se cache trop souvent derrière d’énormes nuages gris. La pluie, la covid, n’entament en rien la bonne humeur communicative des festivaliers. Du Théâtre de L’Union à l’Opéra, en passant par le Centre culturel Jean Moulin, ils naviguent curieux, captivés par l’ouverture sur le monde que permet les Francophonies. Nommé directeur l’an passé, Hassane Kassi Kouyaté n’a de cesse de défendre la pluralité des cultures francophones et la multiplicité des écritures que composent l’art vivant.
La danse comme vecteur d’espoir
Loin de toute morosité, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, directeurs du Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort, réunissent sur scène douze jeunes danseurs d’horizons différents et l’énergie débordante. Dans la pénombre, deux pieds apparaissent en fond de scène. A peine éclairés d’une lampe à led, ils traversent le plateau recouvert de petites billes ocres de caoutchouc, rappelant quelques terres désertiques d’Afrique. A chaque pas, le sol craque, offrant une bien étrange musicalité à ce curieux prologue. Très vite, les lumières dévoilent une scénographie épurée, où trône côté jardin une batterie. L’un après l’autre, à l’appel de leur prénom, les interprètes investissent l’espace. En tenues vives, colorées, chacun s’affirme dans un solo signature qui entremêle habilement différents styles chorégraphiques allant de la danse de rues à celles de combat, en passant par quelques arabesques plus classiques. Les uns bondissent, d’autres virevoltent. Ils se jaugent avant de s’apprivoiser.
La musique comme lien
Froissant un simple sac plastique, Xavier Desandre Navarre compose une musique étonnante, troublante qui vient souligner parfaitement les enchainements de gestes, de mouvements. Pierre angulaire du spectacle, il est le ciment magique qui va permettre de relier en un groupe solidaire et fraternel les douze danseurs survoltés. Il donne un second souffle salvateur à l’écriture chorégraphique, qui faute d’une dramaturgie plus marquée, perd parfois de son attrait, de sa frénésie. Fascinés par la fougue de leurs interprètes, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux ont pris le parti de mettre en exergue cette jeunesse assoiffée de vie, de rencontres. Faisant le choix de la légèreté, de la communion, de l’écoute, ils signent un spectacle kaléidoscopique fait de multiples tableaux, tous réussis, mais que peu de choses n’assemblent les uns aux autres, si ce n’est la vitalité, la fraicheur de cette troupe multiethnique.
Un final en feu d’artifices
Les images sont fortes, puissantes. Les lumières de Jimmy Boury magnifient les mouvements. Les corps rentrent en transe. Les âmes s’unissent. Ne faisant plus qu’un, danseurs et batteur jouent des tubes de plastique aux multiples couleurs et transforment chaque martèlement en une musique joyeuse et festive. Faute de pouvoir se lever, la covid oblige, le public, au diapason, applaudit en rythme, rêvant secrètement de rejoindre la scène.
Si l’ensemble demande à être encore resserré et ciselé, Akzak fait du bien au corps et au cœur. Un vrai concentré de bonne humeur et de vitamines, absolument nécessaire en ces temps moroses à voir bientôt au Théâtre Jean Vilar de Vitre-sur-Seine !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Limoges
Akzak, l’impatience d’une jeunesse reliée de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux
Les Francophonies – Les zébrures d’automne
Centre culturel Jean Moulin
76 Rue des Sagnes
87280 Limoges
Les 25 et 26 septembre 2020
Durée 1h10
Tournée
le 2 octobre 2020 au Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine
le 8 octobre 2020 au DSN, scène nationale de Dieppe
le 13 octobre 2020 au Tangram, scène nationale Évreux-Louviers
les 16 et 17 octobre 2020 au Tropiques Atrium, scène nationale de Fort-de-France, Martinique
le 28 octobre 2020 au Théâtre Falaki, D-CAF, Le Caire, Égypte
les 8 et 9 novembre 2020 au Nebia, Bienne, Suisse
les 12 et 13 novembre 2020 au Granit, scène nationale de Belfort
le 17 novembre 2020 aux Scènes du Jura, scène nationale de Dole Lons-le-Saunier
le 4 décembre 2020 au Théâtre Mohamed V, Rabat, Maroc
le 8 décembre 2020 au Studio des Arts Vivants, Casablanca, Maroc
le 15 décembre 2020 à l’Institut français de Bobo Dioulasso, Burkina Faso
les 29 et 30 janvier 2021 à la Halle aux Grains, scène nationale de Blois
le 4 février 2021 au Théâtre, scène nationale de Mâcon
les 10, 11, 12 février 2021 à la MAC de Créteil, scène nationale
les 16 et 17 février 2021 à la Maison de la Culture de Bourges, scène nationale
le 12 mars 2021 à l’Espace des Arts, scène nationale de Chalon-sur-Saône
Entre le 25 et le 27 mars 2021 : Biennale de la danse en Afrique, Marrakech, Maroc 1er avril 2021 : Théâtre Debussy, Maisons-Alfort / Biennale de danse du Val-de-Marne
le 3 avril 2021 au Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France / Biennale de danse du Val- de-Marne
le 6 avril 2021 à la scène nationale Châteauvallon-Liberté
le 9 avril 2021 à Artdanse, Dancing – Centre de développement chorégraphique national de Dijon
Chorégraphie d’Héla Fattoumi, Éric Lamoureux
Composition et interprétation musicale de Xavier Desandre Navarre
Avec Sarath Amarasingam, Teguawende Yasinthe Bamogo, Meriem Bouajaja, Juliette Bouissou, Mohamed Chniti, Chourouk El Mahati, Adama Gnissi, Moad Haddadi, Synda Jebali, Mohamed Lamqayssi / Mohamed Fouad, Fatou Traoré, Angéla Vanoni
Musique (compositeur, musicien live) de Xavier Desandre Navarre
Collaboration artistique – Stéphane Pauvret
Création lumières de Jimmy Boury
Costumes de Gwendoline Bouget assisté de Bérénice Fischer
Crédit photos © Laurent Philippe et © Christophe Péan