A limoges, Caserne Marceau, la 37e édition des Francophonies de Limoges, rebaptisé Zébrures d’automne, s’ouvre sous des auspices pluvieux mais joyeux. Malgré des règlementations sanitaires strictes, les festivaliers ont répondu présents, plus déterminés que jamais à défendre le spectacle vivant.
Au loin les nuages noirs menacent. Le temps vire à l’orage. Souriant, confiant, Hassane Kassi Kouyaté joue les maîtres de cérémonie. Après avoir bravé la covid, ce ne sont pas quelques gouttes de pluie qui vont entamer sa bonne humeur, sa joie de voir le public revenir au théâtre, envahir la cour de la Caserne Marceau. Quelques badauds traînent sous le chapiteau, s’attardent à la librairie. D’autres consomment une bière, un café au bar extérieur. Mais le gros des festivaliers suit le metteur en scène et directeur des Francophonies pour assister à la pièce d’ouverture, un spectacle chorégraphiée par Claude Brumachon et Benjamin Lamarche.
Danses tribales
Vêtus de noir, allures zombiesques, une vingtaine de personnes prennent possession de ce bout de bitume qui sert de scène. Ils s’installent aux quatre coins du plateau, s’assoient, s’observent. Un dernier groupe fend la foule, la traverse. Regard aux aguets, ils scrutent l’horizon gris. Pris de spasmes, ils entrent en transe. Face au monde en perte de repère, ces humains se rattachent à la notion de tribu, de horde. Tour à tour, guerriers, sorcières ou simples individus, il se jaugent, se cherchent et s’apprivoisent.
9La danse comme lien
Chorégraphie imaginée pour une troupe d’amateurs limougeauds, Corps étranges invitent à réfléchir sur ce qu’est aujourd’hui notre société. Face au repli sur soi, aux rejets de l’autre, les deux artistes de la compagnie Sous la peau veulent croire en autres choses, un monde plus solidaire, plus communautaire. Visages fermés, corps crispés, les danseurs apprennent les uns des autres. Les tensions se relâchent, les mouvements saccadés s’arrondissent. Les quatre groupes se rassemblent. Ils ne font plus qu’un. Le rituel s’achève. La grand messe a fonctionné. L’empathie a eu raison des réticences, des peurs. Les zombies ont disparu pour laisser place à une humanité retrouvée.
Le groove de Manou Gallo
Chanteuse ivoirienne, Manou Gallo aime la gratte, le son des riffs sur les cordes de sa guitare. Accompagnée de trois musiciens, elle met le feu sous le chapiteau. Voix grave, chaude, chants entremêlant passé et présent, elle entraîne le public assis, covid oblige, dans un voyage musical des plus réjouissants. L’envie de se lever est là. Les pieds s’agitent, frappent le sol en cadence. Faute de pouvoir danser, les festivaliers, en nombre limité, entonnent avec la diva née à Divo quelques morceaux d’anthologie.
Cette première soirée des Zébrures d’automne s’achève dans la douceur ouatée des rythmes africains. La nuit a balayé l’orage. Limoges s’endort. Le festival commence donc riche de onze créations venant de différents pays francophones. Une belle gageure en ces temps épidémiques.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Limoges
Les Zébrures d’automne – 37e édition des francophonies
Caserne Marceau
64 Rue Armand Barbès
87000 Limoges
Corps étranges de Claude Brumachon de Benjamin Lamarche
Chorégraphie de Claude Brumachon et Benjamin Lamarche assistés de Cristian Hewitt et Estelle Carleton
Avec des artistes amateurs de Limoges et des environs
Concert d’ouverture – Manou Gallo
Avec Manou Gallo (Basse), Kassoung Tchango Amontete (Batterie), Werther Yannick (Guitare) et Thomaere David (Piano, Keyboards)
Crédit photos © OFGDA