Après plusieurs mois de fermeture, le Lucernaire rouvre et reprend une pièce phare de sa programmation, La petite fille de Monsieur Linh, spectacle tiré du roman de Philippe Claudel. Un récit poignant qui donne envie de croire en un monde meilleur.
Sylvie Dorliat promène avec bonheur et succès ce spectacle depuis 2013. Elle a démarré à La Folie Théâtre, petit lieu qui permet les découvertes. Il y a eu de nombreuses éditions au Festival d’Avignon dans le Off et surtout trois reprises au Lucernaire. La comédienne a tissé un lien très fort avec ce spectacle et l’on comprend qu’elle continue à le porter. Car il s’en est passé des choses depuis 7 ans ! Secouée partout par les guerres, les attentats, les extrémistes et les virus, la planète souffre encore et toujours. L’histoire que raconte Philippe Claudel est de celle qui, si elle ne soigne pas, apaise comme un baume et cela fait du bien.
Du roman au théâtre
Transposer un roman au théâtre est un exercice délicat. Mais il y a des œuvres qui se prêtent bien au jeu, comme La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel. C’est un conte, genre auquel la narration orale sied à merveille. En allégeant le texte, Sylvie Dorliat a trouvé toute la théâtralité qui résidait dans ce texte magnifique qui raconte cette émouvante histoire d’exil.
« Qu’est donc que la vie humaine, sinon un collier de blessures que l’on passe autour de son cou ? »
Alternant le récit et le jeu, la comédienne fait entendre l’histoire de ce grand-père qui a fui son pays ravagé par la guerre avec sa valise en carton bouillie remplie de souvenirs, et, dans ses bras, sa petite fille. Débarquant dans une ville froide et grise, il n’est plus qu’une ombre parmi tant d’autres, le vieil homme rencontre Monsieur Bark. Ils ne parlent pas la même langue mais ils vont se comprendre, s’entendre, se soutenir, s’aider et nous bouleverser.
« Ce peut-être aussi cela l’existence ! Des miracles parfois, de l’or et des rires et de nouveau l’espoir quand on croit que tout autour de soi n’est que saccage et silence ! »
Sylvie Dorliat passe avec aisance d’un personnage à l’autre, de la pudeur silencieuse de Linh à la faconde intarissable de Monsieur Bark. Le jeu est à l’épure, comme un murmure. La mise en scène de Célia Nogues est empreinte de poésie et de sensibilité. La scénographie faite de trois grands voilages, un petit banc et une cage d’oiseau, laisse notre imaginaire faire le travail. Tout est délicat dans ce spectacle qui évoque les thèmes universels que sont l’amitié et la compassion.
Marie-Céline Nivière
La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel
Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Jusqu’au 11 octobre
Du mardi au samedi à 19h30, dimanche à 15h30
Durée 1h15
Adaptation et interprétation de Sylvie Dorliat
Mise en scène de Célia Nogues
Lumière deDavid Dubost
Crédit photos © David Dubost