Après sept ans d’absence, le quintet new yorkais The Strokes sort un sixième album aux sonorités rock plus sages qu’à leurs débuts, mais tout aussi percutantes. Rendant hommage à Basquiat, en utilisant une de ses œuvres les plus emblématiques pour illustrer leur pochette, le groupe invite à un voyage mélodique qui fait la part belle aux riffs de guitare et à la voix envoûtante mâtiné de spleen de Julian Casablancas.
La nouvelle a fait grand bruit dans le petit monde de la scène indie-rock, quand le 18 février dernier, The Strokes, groupe, qui s’était fait en nom en 2001 avec leur premier album Is this it, en renouvelant un style largement éprouvé dans les années 1070, se reformait après d’interminables brouilles pour un concert à l’Olympia. En peu de temps, les places se sont arrachées, d’autant que l’événement était annonciateur d’une nouvelle encore plus folle, la parution à venir d’un nouvel album.
Un air de Basquiat
Sorti en plein crise sanitaire, The New Abnormal a de quoi séduire. Déjà, il y a eu le choix pour illustrer la pochette de l’album, de cette œuvre de Basquiat, Bird on Money. Peint en 1981, ce tableau est une réflexion sur la mort, celle tout particulièrement de Charlie Parker, jazzman surdoué, créateur de bepop et surnommé Bird. Addictif aux opiacées, ayant un goût prononcé pour l’excès, il meurt à New York à 34 ans. S’inspirant de ces deux figures emblématiques de la Grande Pomme et s’appuyant sur l’expérience de Rick Rubin, un producteur de grosses machines, le quintet revient en force. Sans renier leurs origines et la rock attitude qui les ont fait connaitre, le groupe renoue avec son flow si singulier, son minimaliste, alliant une rythmique cadencée et les riffs espiègles des guitares.
Des artistes épatants
Du premier titre prometteur The Adults Are Talking, aux envolées pop de Brooklyn Bridge To Chorus, certainement le meilleur morceau de l’album, en passant par la lancinante mélodie de At The Door, on est totalement fasciné par la voix de Julian Casablancas, son trémolo particulier, sa densité bouleversante. Clairement, c’est le sel de cet opus aux chromatiques par trop éclatées. Jouant sur des accords pop électro, funky et groove savamment mixés, sur des airs spatiaux, hypnotisants, l’ensemble peut paraître quelque peu formaté, même s’il est fort plaisant. Il faut dépasser les premières impressions pour se laisser porter par les duels de grattes d’Albert Hammond Jr et de Nick Valensi, les sons de basses de Nikolai Fraiture et les percussions du batteur de Fabrizio Moretti.
Avec son côté Vintage, The New Abnormal, certainement l’un des albums rocks les plus attendus de 2020, ne déçoit pas malgré quelques facilités. Bien au contraire, il signe le retour au sommet de The Strokes. Et ça c’est une très bonne nouvelle !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
The new abnormal – The Strokes – Cult Records
Crédit photos © DR